mardi 1 décembre 2015

PolyAl: découvrez ce qui rapproche du "bon son" d'une brique alimentaire


L'économie circulaire, cela fait très joli sur le papier mais souvent on se demande quand elle deviendra une réalité. Je suis donc très fière de vous le dire: cette économie circulaire est en marche. Et désormais, je ne regarderai plus une brique de lait ou de jus de fruits de la même façon. Avec les yeux de Chimène même, je pense.


En France, ce sont 4 milliards de briques alimentaires qui sont mises sur le marché chaque année. Un peu moins d'1 sur 2 se recycle. Et pourtant ce sont de vrais trésors. Leur composition: 75% de carton, 21% de plastique et 4% d'aluminium. Si l'on retire le carton, il reste du polyéthylène et de l'aluminium. Le PolyAl. Une matière étonnante, très douce. Elle se récupère simplement chez les papetiers dans un "pulpeur", une grande cuve remplie d'eau où le carton se dissout. Le PolyAl est déjà valorisé par certaines entreprises mais ce n’est qu’un début. 19 élèves de l'ENSCI-Les Ateliers viennent de lui trouver une seconde vie sans précédent à l'issue d'un workshop de 3 semaines.


 

L'Ecole Nationale Supérieure de Création Industrielle avait en effet lancé un défi avec Alliance Carton Nature, l'association qui réunit les fabricants de briques alimentaires. Explorer de nouvelles pistes de valorisation de ce matériau atypique. Guidé par le designer graphique Fabrice Peltier, fondateur de l’agence P ‘Reference , parrain de l'aventure tombé amoureux du PolyAl il y a 6 ans ,ces jeunes ont d'abord étudié au plus près les propriétés de la matière récupérée à l'usine. Comme Fabrice Peltier, ils sont allés voir sur place. "Ma première démarche a été d’aller à la source, visiter l'entreprise Traidib qui transforme les résidus de pulpeurs. J'ai découvert que le recyclage avait généré un matériau dont on ne soupçonnait pas encore toutes les qualités et les applications. » Allant au bout de la démarche, il a élaboré une ligne de mobilier avec cette matière.

 
Une série d'expérimentations a donc permis aux étudiants de constituer une matériauthèque. Chacun par équipe de 2 ou 3 s'est ensuite regroupé en fonction des pistes explorées pour élaborer un projet. Sous leurs doigts sont nés, le petit sac, sac à dos étanche issues des poussières de PolyAl récupérées lors des manipulations réalisées par leurs camarades, Two pieces of cake,la paire de chaussures aux semelles multi-couches ou encore les polytomettes, ce revêtement mural et de sol, une collection de tomettes fonctionnelles : un porte-savon, des crochets, une étagère. Au total 8 projets tous plus originaux les uns que les autres.

Pour montrer que l'aventure ne s'arrêtera pas là, l'ENSCI a décidé de soutenir 4 projets en particulier pour les amener à une phase pré-industrielle. Comme le précise Aymeric Schultz d'Alliance Carton Nature, il s'agit de projets qui n'aboutissent pas à un simple remplacement de matière mais qui tirent le meilleur parti du PolyAl. Des pots incassables au touché souvent très doux (c'est ce qui étonne vraiment avec cette matière) ou encore à l'aspect très proche de la roche. Des polyboîtes à l'aspect scintillant et coloré. Plus complexe pour un néophyte: les Triplets de Pythagore, un meccano géant destiné à la micro-architecture dont on peut se servir sur des stands, pour des cabanes ou des abris à assembler soi-même.
 
J'avoue avoir un faible pour le Son de la brique, des carénages d'enceintes acoustiques. Ou comment mettre en valeur la qualité acoustique d'un matériau inerte et relativement isotrope. Pour Clémentine Chambon, designer-conceptrice et l'une des responsables du projet Défi PolyAl," la diversité et la qualité des propositions nous permettent aujourd'hui de présager les multiples formes et usages que pourra prendre ce matériau dans notre quotidien" Et Fabrice Peltier de s'enthousiasmer "Le PolyAl est une matière première! ". Ces objets seront peut-être bientôt très familiers. Une certitude : ils tourneront la page de la pétrochimie. Quand je vous dis que l’économie circulaire est en marche…

 



 

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