dimanche 20 décembre 2015

Consommer responsable: va-t-on y prendre goût ?

Bientôt les fêtes. Autant vous prévenir, si vous voulez être respectueux de l'environnement évitez le foie gras, le saumon fumé, la volaille bien grasse et les bûches au colorant. A la rigueur un peu de champagne mais uniquement biodynamique. En même temps un réveillon au tofu et au fenouil cultivé localement, ce n'est pas très fun! Pourquoi ce qui nous fait du mal est-il si tentant!?! Arghh quel dilemme, encore pire que Luke face à son père! Mais je m'égare. L'alimentation est un enjeu crucial pour notre avenir. Elle représente tout de même 20% de nos émissions de gaz à effet de serre. Cultures intensives, pesticides, élevages en batterie d'animaux. Je passe sur toutes ces joyeusetés. Visiblement les citoyens que nous sommes commencent à prendre conscience du problème. Je n'avais jamais vu une telle mobilisation autour de l'horreur des abattoirs. Les distributeurs commencent aussi à le sentir. Ce qui les pousse à proposer des alternatives.


C'est le cas deMonoprix. Certes cette enseigne n'a pas attendu la vague Cop21 pour s'engager. Dès les années 90, elle a mis en place une démarche "développement durable". Les premiers produits bio sont arrivés dans les rayons, des produits éco-labellisés à travers Monoprix vert. Et puis en 1994 le commerce équitable avec Max Havelaar puis Alter Eco. Ne nous leurrons pas, ce marché est resté très longtemps une niche. Dans le Groupe Monoprix si l'on inclut Naturalia tous ces produits que je citais représente à l'heure actuelle un peu plus de 7% de son chiffre d'affaires. Il vise 10% d'ici à 2020. "Consommer responsable on y prend goût", c'est sa nouvelle devise. Evidemment Monoprix c'est un public ciblé de cadres urbains, CSP+ donc plutôt éduqués à ces questions mais Karine Viel, la directrice développement durable du groupe sent elle aussi une évolution dans la mentalité. Un autre public vient se renseigner "comme ces jeunes récemment intrigués par les graines de courges". Monoprix a un atout: ne détenir que 2% de part de marché 'ce qui nous pousse finalement à être inventif". Il y a quelques jours, j'étais invitée à des échanges fort sympathiques dans le 10ème arrondissement autour de la consommation responsable. Vaste sujet qui ne concerne pas que le bio. Du lieu de production à nos poubelles il y a encore fort à faire. Monoprix ne le cache pas. Nous avons donc évoqué en vrac et dans la bonne humeur le sujet de la viande, du bien-être animal, de la traçabilité ou encore des pesticides.

L'enseigne n'attend pas la demande des consommateurs pour faire des tests. Cela été le cas avec la pomme du Limousin, que le groupe a décidé d'accompagner dans sa démarche vers le bio. Les consommateurs en étaient informés par des étiquettes. Le groupe a été le premier en 2011 à refuser la pêche en eaux profondes pour la préservation des espèces. Vous ne trouvez plus aucun œuf de la marque Monoprix issu de poules élevées en cages. Etape suivante: plus de poules en cages du tout. Des tests sont en cours dans 35 magasins mais en bout de chaine, il faut accompagner les fournisseurs. Karine Viel doit faire de la pédagogie aussi auprès des différents services des achats du groupe. Les agriculteurs sont très demandeurs. Monoprix a ainsi lancé un partenariat agricole avec une quarantaine de producteurs. Un cahier des charges a été établi. Cela fait déjà 10 ans. Les producteurs aimeraient plus de visibilité sur leurs actions, il va falloir revoir aussi les engagements car la donne change. Dans le même temps, la réglementation évolue. Monoprix réfléchit également à l'approvisionnement local mais ne cache pas qu'il ne peut pas proposer seulement des fruits ou des légumes locaux de saison. Car finalement derrière une enseigne il y a un consommateur souvent exigeant. Le groupe teste les bonnes formules pour faire de la pédagogie. La vente en vrac en est une. Des expérimentations sont en cours sur les fruits secs. Mais ce type de vente nécessite une logistique lourde et une sécurité sanitaire sans faille. Pour quelle rentabilité finalement?


Il y a aussi des expériences réussies comme avec les soupes Andes. Du nom de ce réseau d'épiceries solidaires. Trois soupes fraîches faites avec des légumes d'Ile de France et fabriquées dans des ateliers d'insertion. C'était une grande première. Le succès a été au rendez-vous. Pour 3,95 euros. Car la question revient toujours: pourrions-nous avoir des produits bios à des prix abordables? Sur une marque distributeur pourquoi pas? Là encore la réflexion est engagée. Monoprix a au moins le mérite de proposer des produits bio ou éco-labellisés au milieu des produits conventionnels. De quoi attirer votre regard. Et certains sont même plus qu'appétissants. Car bio ne veut pas dire manger des graines tristement dans son coin. D'ailleurs pendant que j'écris, j'ai en ligne de mire une pâte à tartiner au cacao et aux noisettes AB et sans gluten ni huile de palme. Dont je tairai le nom. Un peu énergisante mais quel délice. Les papillotes de Noel ont de sérieux soucis à se faire! J’en profite pour vous prévenir que je fais une pause pour ces fêtes mais vous me retrouverez, je l’espère, avec grand plaisir en 2016. Souhaitons-nous le meilleur. Et un après Cop21 enthousiaste !


jeudi 17 décembre 2015

C'est parti pour le prix des Energies Citoyennes !


Voilà c'est fait: première réunion du jury du prix des Énergies Citoyennes. J'avoue que je n'étais pas peu fière aux côtés de la marraine Catherine Chabaud et de l'initiateur du projet Marc Fraysse directeur des relations institutionnelles de Engie Cofely et son bagout inégalable. Comme une enfant devant les vitrines de Noël, je suis toujours étonnée des beaux cadeaux que l'on me fait . C'est la première fois que je suis présidente d'un jury. Quel bonheur!
L'an dernier, j'étais membre du jury et j'avais apprécié la belle intelligence collective qui se dégageait des échanges avec camarades. Je ne les citerais pas tous, ils me pardonneront, je l'espère mais ils sont tous complémentaires et leurs expérience sont riches de sens. Vous en verrez la liste sur le site.

Cette année un beau clip explique les enjeux de cette 7 ème édition . Résolument tournée vers les citoyens. Depuis le début des prix, ce sont 8000 collectivités qui ont été mises en avant . Plus d'une soixantaine récompensées. Je suis certaine qu'il y en aura encore plus cette année. Parce qu'il y a eu la Cop21 mais aussi la loi sur la transition énergétique. Les élus locaux sont de plus en plus concernés par ces questions. Je l'ai vu dans mon parcours journalistique . Parce qu'il s agit de faire intelligemment des économies quand ce n'est pas purement et simplement lutter contre la précarité énergétique

Peu importe la taille de la collectivité, chacun peut s'engager . Il suffit d'expliquer la stratégie mise en place. Le jury est totalement indépendant-c'est ce que j'aime - et cerise sur le gâteau je m'engage a aller à la rencontre de ces lauréats et à les valoriser. Alors vous savez ce qu'il vous reste à faire.
Les inscriptions sont à remplir sur le site  www.energies-citoyennes.fr. Date limite: le 4 mars! J'ai hâte de délibérer en avril .Encore une belle énergie positive !


mardi 15 décembre 2015

Venez découvrir les explorateurs de demain!


La Cop21, c’est donc terminé. Certains sont enthousiastes, d’autres voient le verre à moitié plein et évidemment les plus sombres à moitié vide. Rien n’est idéal. Cette conférence aura eu au moins le mérite de faire prendre conscience à ceux qui nous gouvernent qu’il faut agir. Avec quels moyens et dans quels délais ? Il est déjà plus complexe d'avoir des réponses. En tous cas ça y est : nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas. La crise économique et la crise de la société ont eu raison des plus sceptiques…enfin presque. En attendant de voir des résultats concrets sortir de l’accord, il est bon de se rappeler que des hommes et des femmes agissent depuis un moment. Modestement mais sans en démordre. C’est le cas de Roland Jourdain. Et de son fonds Explore. Pour les explorateurs de « demain. ». J’avoue avoir eu un coup de foudre pour cet homme des mers. En tout bien, tout honneur mais difficile de ne pas être emballée par sa vision simple et si positive de l’humanité. Etre conscient que la planète n'est pas si grande et que chacun peut agir. C’était au Salon Nautique il y a 2 ans. Il m'avait parlé des océans, de matériaux composites, du lancement de son fonds de dotation. Il était même venu dans mon émission.


Je n’ai pas eu envie de le perdre de vue. J’étais donc ravie il y a quelques jours de le retrouver pour un premier bilan d’étape (qu’est-ce que cela fait sérieux) d’Explore. Ses partenaires étaient là. Finalement des amis emballés par ce Breton du Finistère ( un autre point commun que j’ai –fièrement-avec Roland Jourdain). Il n’est pas toujours très à l’aise pour parler devant une foule mais il le fait avec son cœur. C’est pourquoi il avait voulu donner la parole en préambule à Sandrine et Yannick Roudaut, fondateurs du cabinet Alternité. Yannick, je l’ai retrouvé après quelques années communes sur un média dont je tairai le nom, Sandrine a été l’une de mes invitées. Nous avons la même vision. J’ai donc été touchée par leurs mots. Yannick a rappelé fort justement que nous traversons la même période que ce que fut en son temps la « Renaissance » Celle d’une révolution technologique et dans le même temps de la fin des certitudes. L’homme n’est désormais plus au centre de l’univers mais doit se réconcilier avec le vivant. Sandrine Roudaut explique qu’il a fallu des utopistes pour créer un nouveau monde. Mais « une utopie, ça se réalise à plusieurs. » Et c’est ce que prouve Explore.

Des projets qui font rêver comme Under the pole. Ghislain Bardout et son équipe sur sa goëlette le WHY qui explorent les profondeurs à plus de 100 mètres sous le pôle. De précieuses informations pour l’humanité. Des images inédites du milieu sous-marin. Under the Pole III se prépare déjà. Autre projet, Gold of Bengal, ces jeunes ingénieurs qui « redeviennent ingénieux et créatifs » pour développer de la fibre de jute pour des applications composites. En premier lieu sur des planches de surf. Une nouvelle étape est franchie avec Nomade des Mers, porté par Corentin de Chatelperron. En février, il va appareiller pour une grande aventure. Sur un catamaran-ambassadeur des Low Tech. Sillonner le monde pour découvrir ce qui fera notre univers bientôt. Ce projet est associé au Low-Tech Lab, une plateforme de recherche collaborative en ligne sur les Low-Tech. Les idées ne manquent pas : une éolienne en kit comme celle mise en avant par Poc21 ou encore une cocotte minute qui permet de transformer des déchets plastiques en carburants. « On veut devenir la Nasa du low tech » n’hésite pas à lancer Corentin.

Car si ces inventions nécessitent peu de moyens au départ, en revanche les développer s’avère compliqué. L’open source va permettre à tout un chacun d’ajouter sa pierre à l’édifice. Encore et toujours travailler ensemble. Il y a aussi Combios et ses bio-matériaux. Bref, il faut aller voir le site, non seulement nous découvrons des images à couper le souffle mais en prime nous nous prenons à rêver. Roland Jourdain est accompagné d’une vingtaine de partenaires dont le Crédit Agricole Finistère-ce qui ne surprend pas. En 2 ans, Explore a déjà réalisé quelques merveilles, ce n’est qu’un début. J’aime bien l’expression de Sandrine Roudaut : « On a besoin de faire péter les cloisons ». L’avantage avec Roland Jourdain, c’est qu’il fait cela avec le sourire.

 

 

vendredi 11 décembre 2015

Piloter l'énergie d'un bâtiment: quand le locataire change les règles du jeu

 
Alors que l'avenir de la planète se dessine difficilement du côté du Bourget, le monde de l'immobilier bouge. Très vite même. Et sûrement poussé par les locataires. On parle de plus en plus des "consomm'acteurs", ceux qui louent des bureaux comptent bien aussi avoir leur mot à dire. Il est donc clair que c'est pour répondre à une demande qu'Allianz Real Estate annonce ce vendredi son partenariat avec Netseenergy. (il se passe des choses en dehors de la conférence climat, je vous promets). L'idée est simple: mettre en place un portail de management du bâtiment afin de l'optimiser mais aussi de permettre de baisser les charges. Le premier bénéficiaire sera le locataire. Barbara Korienougine toute nouvelle directrice générale d'Allianz Real Estate ne le cache pas: "il y a désormais une nette différence entre les bâtiments énergivores et les autres, les bâtiments énergivores séduisent beaucoup moins". Les entreprises regardent de près l'immeuble où elles vont s'installer.



Quand on gère, rien qu'en France, 7 milliards d'euros d'actifs et pas seulement des bâtiments neufs, il est totalement logique de réfléchir à l'offre que l'on va faire. Allianz Real Estate qui se définit comme un investisseur responsable a été l'un des premiers à signer la charte Pelletier pour l'efficacité énergétique des bâtiments tertiaires publics et privés. C'était en 2013. 145 000 m2 sont d'ores et déjà certifiés et le groupe vise 50% du parc d'ici un an. Il pense donc aussi aux bâtiments plus anciens et a décidé de procéder par étapes sur cette opération. Des tests ont d'abord été effectués sur plusieurs bâtiments. Ils ont été supervisés par des 4 jeunes d'HEI, grande école d'ingénieurs généralistes. Ces derniers ont pu identifier les portails qui correspondaient à la demande du gestionnaire de patrimoine. Un appel d'offres a été lancé et c'est Netseenergy, filiale d'EDF qui l'a emporté. NetSeenergy comme l'explique son président Jean-Pierre Anzano propose "une gamme de télé-services d'efficacité énergétique". L'entreprise d'une cinquantaine de salariés a donc conçu une offre globale qui inclut l'audit technique du ou des sites, l’installation des matériels de mesure et des automates et la restitution des informations et le conseil. Son expertise est énergétique, informatique mais aussi dans la télécommunication. Le travail s'annonçait conséquent avec Allianz Real Estate. 135 immeubles sont concernés.


Chaque architecture de comptage a été analysée. Si des systèmes ont déjà été mis en place, Netseenergy propose de récupérer les données. Les premières commandes ont d'ores et déjà été passées . Objectif: pouvoir raccorder tous les immeubles d'ici la fin 2016. Pour cela il va falloir convaincre les locataires du bien-fondé de l'opération. Allianz est d'ailleurs ravi d'avoir entrainé Danone dans sa démarche. Les premiers outils sont mis en place, le locataire va ensuite apporter un complément financier et aider au déploiement du portail. Logique puisque ce sera le premier à en tirer les bénéfices. Allianz Real Estate avoue que ses investissements sont lourds mais ils sont nécessaires. Le groupe préfère d'ailleurs ne pas communiquer dessus. Mais il espère bien que l'opération sera rentable dans deux ans.

 

Pour optimiser les résultats, Netseenergy compte aussi sur le capital humain. On sait à quel point l'usage des bâtiments peut varier et donc modifier les résultats au final. 'La technologie est nécessaire mais il faut aussi de l'humain pour faire des recommandations" explique Jean-Pierre Anzaro. C'est pourquoi une fonction d"energy management" est aussi assurée. Et le dialogue est constant avec les facilities managers. Pour Allianz Real Estate, c'est un beau défi. L'objectif fixé est une réduction de 15% de la consommation d'énergie. "Nous savons que c'est possible" précise Patrick Stekelorom responsable développement durable, nommé depuis peu global Head of Sustainability . Et l'eau n'a pas été oubliée. Patrick Stekelorom explique que la démarche va plus loin. Allianz a décidé de décarboner son portefeuille. L’assureur a en effet fait sensation il y a peu en déclarant qu’il se retirait de toute société réalisant le tiers de son chiffre d’affaires avec cette énergie fossile. Ce portail est un outil indispensable pour accompagner son virage notamment vers les énergies renouvelables. La donne change. Il faut faire des choix d'investissement et parler d'économies à des locataires qui réfléchissent en coût global...quand je vous dis que l'immobilier bouge. Allianz Real Estate et Netseenergy ont proposé de se donner rendez-vous dans un an...D'ici là, il y a fort à parier que cet univers de l'immobilier aura encore évolué.

mercredi 9 décembre 2015

Tarkett : quand l’économie circulaire prend forme

Avec cette Cop21, certains se demandent ce que font réellement les grands groupes. Je ne rentrerai pas dans la polémique. Rien n'est parfait. Certains trouvent sûrement dans les enjeux environnementaux un bon business, d'autres y croient pour la pérennité de leurs activités et parfois-oui,oui- pour donner du sens à ce qu'ils font. C'est pour cela que je veux vous parler de Tarkett....« On est dans l'ère de l'expérience client: le patient dans une chambre d'hôpital, un écolier, un serial shopper dans une grande surface (j’adore la formule). » Guillaume Teixeira, le patron français de Tarkett plante d'emblée le décor. Le groupe a bien compris que les modèles évoluent. Il doit donc s’adapter. Je l’avoue, Tarkett c'est un peu mon chouchou depuis qu'il a remporté un Green Business Award du temps où j’œuvrais à BFM Business. Avec un nom pareil on le pense américain...que nenni. Le groupe est né dans l’Isère il y a 130 ans. Leader des revêtements de sol, il a su se diversifier : moquette, parquet, stratifié, gazon synthétique et autres. Depuis quelques années, il se développe beaucoup dans le commerce et l’hôtellerie. Le revêtement de sol à l’origine est une activité polluante. Mais Tarkett a une conviction : l’innovation va lui permettre de réduire son empreinte carbone. Pour reprendre les mots de Guillaume Teixeira « devenir le leader mondial en solutions innovantes qui génèrent de la valeur à nos clients de manière durable ».

 

Evidemment cela peut vous sembler pomper à la lecture. Dans les faits, en regardant le catalogue le particulier qui représente environ 40% de sa clientèle peut être séduit. Et les professionnels n’en parlons pas ! De beaux matériaux, des gammes de couleur, des assemblages attrayants et une grande diversité. L’ensemble a de la gueule et respecte des engagements forts. Le modèle de Tarkett: le closed-loop circular design. En résumé quatre grands axes : un choix de matériaux de qualité, l’utilisation responsable des ressources dans les opérations industrielles, la contribution au bien-être et enfin le recyclage en fin d'usage. Pour donner quelques exemples, afin de préserver la qualité de l'air intérieur, une nouvelle génération de vinyle a vu le jour. Le groupe qui a racheté Desso garantit un air plus sain grâce à une moquette qui utilise les technologies Airmaster qui permettent de capturer les fines particules de poussière. Tarkett a décidé également de supprimer tous les phtalates de son processus de fabrication avant même la mise en place d’une législation. 92% des produits ont des niveaux d'émission inférieurs aux normes. Les initiatives ne manquent pas, il serait bien long de toutes les passer en revue. Elles prouvent simplement que c’est une véritable stratégie d’entreprise qui s’est mise en place.

Je m’attarderai sur son action en terme d’économie circulaire. Nous en parlons de plus en plus en France mais nous guettons toujours les actions qui peuvent se mettre en place. Tarkett n’a pas attendu pour s’inspirer du Cradle to Cradle mis au point par Michael Braungart et Bill MacDonough. Littéralement "du berceau au berceau" Anne-Christine Ayed directrice de la recherche, de l’innovation et de l’environnement du groupe dit très justement : « la nature ne crée pas de déchets, pourquoi nous hommes n'en serions pas capables ? «  Le groupe s’est donc fixé cet objectif: 75% de ses matières ne doivent pas contribuer pas à la raréfaction des ressources. Parmi ses actions : récupérer des dalles en fin d'usage et les réintroduire dans les produits, reprendre du nylon dans les moquettes pour refaire du nylon neuf, de la même façon avec le gazon synthétique. Des partenariats sont montés avec d'autres entreprises: en récupérant le film plastique sur les pare-brises, on peut ainsi recréer un matériau pour l’envers de la moquette.
 
 
Tarkett n’est pas le seul à le faire… Interface n’est pas en reste mais après tout plus ils seront nombreux. Le groupe a lancé aussi le programme Restart pour récupérer les chutes sur les chantiers. 13 500 tonnes ont ainsi été collectées en 2014. Tarkett en entraîne d’autres dans le mouvement : un accord avec Bouygues Construction a été conclu récemment: sur n'importe quel chantier, le groupe peut faire appel à ce programme. Il reste du chemin à parcourir. Chaque jour dans le monde Tarkett vend 1 million 300 000 m2. Mais désormais il sait clairement ce qu’il veut en faire. Quand je vous dis qu'on peut être grand et avoir une conscience....

 

 

 

 

 

mardi 1 décembre 2015

PolyAl: découvrez ce qui rapproche du "bon son" d'une brique alimentaire


L'économie circulaire, cela fait très joli sur le papier mais souvent on se demande quand elle deviendra une réalité. Je suis donc très fière de vous le dire: cette économie circulaire est en marche. Et désormais, je ne regarderai plus une brique de lait ou de jus de fruits de la même façon. Avec les yeux de Chimène même, je pense.


En France, ce sont 4 milliards de briques alimentaires qui sont mises sur le marché chaque année. Un peu moins d'1 sur 2 se recycle. Et pourtant ce sont de vrais trésors. Leur composition: 75% de carton, 21% de plastique et 4% d'aluminium. Si l'on retire le carton, il reste du polyéthylène et de l'aluminium. Le PolyAl. Une matière étonnante, très douce. Elle se récupère simplement chez les papetiers dans un "pulpeur", une grande cuve remplie d'eau où le carton se dissout. Le PolyAl est déjà valorisé par certaines entreprises mais ce n’est qu’un début. 19 élèves de l'ENSCI-Les Ateliers viennent de lui trouver une seconde vie sans précédent à l'issue d'un workshop de 3 semaines.


 

L'Ecole Nationale Supérieure de Création Industrielle avait en effet lancé un défi avec Alliance Carton Nature, l'association qui réunit les fabricants de briques alimentaires. Explorer de nouvelles pistes de valorisation de ce matériau atypique. Guidé par le designer graphique Fabrice Peltier, fondateur de l’agence P ‘Reference , parrain de l'aventure tombé amoureux du PolyAl il y a 6 ans ,ces jeunes ont d'abord étudié au plus près les propriétés de la matière récupérée à l'usine. Comme Fabrice Peltier, ils sont allés voir sur place. "Ma première démarche a été d’aller à la source, visiter l'entreprise Traidib qui transforme les résidus de pulpeurs. J'ai découvert que le recyclage avait généré un matériau dont on ne soupçonnait pas encore toutes les qualités et les applications. » Allant au bout de la démarche, il a élaboré une ligne de mobilier avec cette matière.

 
Une série d'expérimentations a donc permis aux étudiants de constituer une matériauthèque. Chacun par équipe de 2 ou 3 s'est ensuite regroupé en fonction des pistes explorées pour élaborer un projet. Sous leurs doigts sont nés, le petit sac, sac à dos étanche issues des poussières de PolyAl récupérées lors des manipulations réalisées par leurs camarades, Two pieces of cake,la paire de chaussures aux semelles multi-couches ou encore les polytomettes, ce revêtement mural et de sol, une collection de tomettes fonctionnelles : un porte-savon, des crochets, une étagère. Au total 8 projets tous plus originaux les uns que les autres.

Pour montrer que l'aventure ne s'arrêtera pas là, l'ENSCI a décidé de soutenir 4 projets en particulier pour les amener à une phase pré-industrielle. Comme le précise Aymeric Schultz d'Alliance Carton Nature, il s'agit de projets qui n'aboutissent pas à un simple remplacement de matière mais qui tirent le meilleur parti du PolyAl. Des pots incassables au touché souvent très doux (c'est ce qui étonne vraiment avec cette matière) ou encore à l'aspect très proche de la roche. Des polyboîtes à l'aspect scintillant et coloré. Plus complexe pour un néophyte: les Triplets de Pythagore, un meccano géant destiné à la micro-architecture dont on peut se servir sur des stands, pour des cabanes ou des abris à assembler soi-même.
 
J'avoue avoir un faible pour le Son de la brique, des carénages d'enceintes acoustiques. Ou comment mettre en valeur la qualité acoustique d'un matériau inerte et relativement isotrope. Pour Clémentine Chambon, designer-conceptrice et l'une des responsables du projet Défi PolyAl," la diversité et la qualité des propositions nous permettent aujourd'hui de présager les multiples formes et usages que pourra prendre ce matériau dans notre quotidien" Et Fabrice Peltier de s'enthousiasmer "Le PolyAl est une matière première! ". Ces objets seront peut-être bientôt très familiers. Une certitude : ils tourneront la page de la pétrochimie. Quand je vous dis que l’économie circulaire est en marche…