mardi 13 décembre 2016

Pépètes et planète, l’équation parfaite



En ce moment il est beaucoup question d'argent autour de moi. Je ne connais personne qui a gagné au loto et je n'ai pas hérité d'une arrière-grand tante.

C’est tout l’univers du développement durable qui se met à en parler en toute simplicité. 

C’est clair comme de l’eau de roche, la transition sera véritablement complètement engagée quand la finance changera.

Au Parlement des Entrepreneurs d’Avenir à Bordeaux la semaine dernière, j’ai eu le grand plaisir d’animer un débat au titre prometteur : « Comment financer l’économie positive ? » A ceux qui seraient sceptiques ou un peu déçus, il y en a toujours, je ne peux dire qu’une chose : nous n’avons pas pour le moment la réponse complète à la question. Donc inutile de me faire des yeux noirs J Et de demander toujours plus.

Fort heureusement les lignes commencent à bouger avec des formes prometteuses de financements alternatifs.

Stéphanie Savel présidente de Wiseed , leader de l’equity crowdfunding a montré comment le financement participatif gagnait du terrain et comment Wiseed vise à démocratiser ce financement avec un ticket d’entrée à 100 euros

Fanny Picard fondatrice d’Alter Equity représente l’étape d’après. Elle finance des projets à partir d’un million d’euros. Le critère : être une entreprise à impact positif et rentable. Eh oui, c’est on ne peut plus possible!

Matthieu Jubré était présent pour parler de l’arrondi solidaire avec MicroDon lancé en 2009. Il s’agit de verser quelques centimes ou quelques euros grâce aux transactions du quotidien et de financer des actions solidaires. 2 millions d’euros ont ainsi été récoltés pour 4 millions de micro -dons.

Tous ont des engagements forts mais le reconnaissent : ils sont minuscules.



William Vidal président du conseil d’administration d' Ecocert qui vient de lancer un fonds de dotation est convaincu que tout peut changer . Il propose donc une nouvelle vision de l’économie : prendre en compte les externalités positives. Ce qui signifie tout simplement accompagner les entreprises ou les démarches qui pensent à la nature et aux hommes. Penser d’abord durable et non rentable. Même si les deux sont liés.

On commence à observer des phénomènes

Olivier Millet président de l’AFIC le dit avec humour: « aujourd'hui faire du private equity sans stratégie ESG (environnemental, social et de gouvernance pour les néophytes)…c’est ringard. »

Olivier Millet a ainsi fait sourire lors de son intervention ce lundi à une soirée organisée à l’initiative du C3D, le collège des directeurs du développement durable. Le thème : la finance investit le durable.

Là encore il était question d’argent.

Je vous rassure il n’y avait pas de bisounours sur scène et dans la salle. Les instincts grégaires perdurent et le monde de la finance est loin d’être devenu angélique. Ne nous leurrons pas.



Les normes comptables IFRS ne vont clairement pas dans le sens du durable. Pascal Canfin président du WWF le résume très bien :

« Le dogme de la liquidité permanente n’a jamais été remis en cause

Quand on parle de dette souveraine, on ne parle pas des risques environnementaux et sociétaux ». Les signaux sont pourtant positifs :il y a de l’argent et des besoins en infrastructures mais certains n’y vont toujours pas.

Evidemment il y a eu, il y a un an, une vague de désinvestissement dans les énergies fossiles. 500 institutions avaient donné un signal fort. Cela se poursuit. Le Montreal Carbon Pledge en 2014 a également été un accélérateur. En le signant, les investisseurs s’engagent à mesurer l’empreinte carbone de leurs portefeuilles et à la rendre publique sur une base annuelle. L’an dernier, la banque d’Angleterre par le biais de son gouverneur Mark Carney avertissait les investisseurs sur les risques liés au climat.

Dans le même temps, ce ne sont que 13% des émissions de CO2 qui sont réellement couvertes par le marché du carbone. Jean Pisani Ferri commissaire général de France Stratégie nous l’a rappelé.




Tout changera donc si le modèle financier change.

Jean-François Cirelli désormais président de BlackRock France qui est tout de même la société de gestion d’actifs la plus puissante au monde explique que dans sa société, le risque environnemental est inscrit comme un risque comme les autres

"Vous changez la vision des gérants"

Pour Christian Thimann , directeur de la régulation responsabilité d’entreprise et prospective du groupe Axa, la solution est de « voir long terme car le long terme n’est pas risqué ». Il faut oser le dire.

 Et Jean-François Cirelli d’ajouter : « on va vers une gestion plus indicielle et donc on va choisir les meilleures entreprises

Celles qui ne seront pas choisies changeront ou disparaîtront »



Des entreprises montrent d'ailleyrs la voie. 200 dans le monde se sont d’ores et déjà engagées à définir des objectifs de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre afin de s’aligner sur la trajectoire « 2 degrés ». C’est l’initiative Science Based Target. Elles ont tout à y gagner et notamment en interne. Stanislas Pottier directeur développement durable de Crédit Agricole SA explique ainsi qu’en 2017 son groupe va publier un reporting intégré. « Cela permet de casser les silos et de faire travailler la stratégie, la direction financière et les RH ensemble. »



Pascal Canfin peut donc conclure « Je suis positif . Je me dis que les agences de notation ne peuvent pas faire comme si les risques n’existaient pas.

Quand des acteurs de la finance disent qu’ils sont en mesure d’agir autrement cela peut avoir encore plus de poids auprès des élus. » L’heure était donc à l’optimisme hier soir. Pour garder cet élan et pour finir cette année 2016 en beauté je vais encore parler d’argent . Je vais me plonger dans « Financer la transition énergétique » d’Alain Grandjean et Mireille Martini aux Editions de l'Atelier. Un cadeau précieux. Comme l’écrit dans la préface Nicolas Hulot « l’ambition de ce livre est de parler de finance à ceux qui sont engagés en faveur de la transition, et de transition aux acteurs financiers. Il est temps que deux mondes souvent étrangers l’un à l’autre puissent dialoguer…je souhaite aux lecteurs de faire de ce livre un outil de choix dans le combat contre la crise climatique ». Pour 2017, je dis banco ! Beau programme ! 

jeudi 24 novembre 2016

Nous devrions tous être écolos...


J'ai envie de donner une petite leçon d’ouverture d’esprit à nos politiques qui se perdent dans des débats vains autour de l’IVG et de l’adoption des gays et qui pour la plupart s’accrochent à une vision économique passéiste. La hausse de la TVA ne règlera pas nos problèmes. Voilà ça c’est dit .

En revanche avoir une vision à long terme en se disant que l’enjeu majeur c’est la lutte contre le dérèglement climatique , cela aurait de la gueule. Et je ne dis pas cela parce que je suis en train de dévorer le pavé de Naomi Kleim « Tout peut changer-capitalisme et changement climatique ».

Bientôt au Parlement des Entrepreneurs d’Avenir à Bordeaux  (N'y voyez aucun clin d'oeil à AJ) , j’aurai le grand plaisir d’animer un débat sur le financement de l’économie positive.

En résumé placer son argent dans des entreprises qui ont un impact positif sur l’environnement et sur les humains. Oui, les humains parlons-en ! Et en prime des entreprises rentables. Non ce n'est pas sale !


Il y en a qui ont tout compris, ce sont les investisseurs. Enfin certains...peut-être de plus en plus. C’est ainsi que j’ai assisté ce matin à l’annonce officielle du mariage de Demeter Partners et EmertecGestion. La société de gestion et la société de capital-risque se rapprochent pour constituer le leader européen du capital-investissement dans les secteurs de la transition énergétique et de l’environnement. A elles deux depuis 10 ans, 12 000 dossiers reçus, 550 millions d’euros investis et 120 entreprises financées. Bernard Maître président du directoire d’Emertec coupe court à toutes les spéculations : « Cette alliance est très offensive, personne n’est malade ». Et d’ailleurs avec Stéphane Villecroze manager partners de Demeter, ils ont brossé un tableau enthousiasmant du secteur.

Les énergies renouvelables ont le vent en poupe. 330 milliards de dollars investis, un chiffre multiplié par 4 en peu de temps. Le véhicule électrique se développe et en particulier le haut de gamme avec la Tesla S. Tout le secteur de la bioéconomie et de la chimie verte est en pleine expansion. Je vous éviterai tous les détails super techniques car j'a vraiment l'envie de rendre tous ces sujets très accessibles. C’est très simple et Bernard Maitre dit tout en quelques mots : « On investit dans des entreprises qui changent le monde ». C’est ainsi que les deux entités accompagnent McPhy Energy spécialiste du stockage et de la distribution de l’hydrogène, Fermentalg qui valorise le potentiel des micro-algues, Ynsect qui mise sur les insectes pour nourrir les animaux. Il faut préciser que la croissance de la demande en protéines végétales devrait atteindre 43% d’ici 2030 et celle en protéines animales 33%. Solaire Direct a aussi été accompagné avant le rachat par Engie. Ce sont des exemples parmi d’autres mais ils prouvent que ces entreprises préparent l’avenir.

Demeter et Emertec qui restent sociétés mères dans ce rapprochement peuvent s’appuyer sur 60 investisseurs : des institutionnels mais aussi des industriels comme Engie justement, Veolia, Suez ,Total , Vinci , RATP , Alstom  ou encore Avril . Tous ont bien compris que la pression allait être de plus en plus forte sur ceux qui ne réduiront pas leur empreinte carbone.

Le groupe a donc pour ambition de financer 12 sociétés par an ce qui correspond à la dynamique du secteur. Tous deux estiment qu’en se rapprochant, ils sont ainsi plus forts pour attirer les investisseurs étrangers, anglo-saxons mais aussi asiatiques. Ne nous leurrons pas : si des investisseurs le font c’est que le jeu en vaut la chandelle. Alors répétons-le, la lutte contre le changement climatique est le grand défi à relever. Personne ne doit passer à côté. Il est vraiment temps que ceux qui nous gouvernent s’y mettent sérieusement.




mercredi 23 novembre 2016

« Qu’est-ce qu’on attend ? » ou quand un nouveau film donne l’envie de faire la transition écologique !


 

« Un maire végétarien et qui ne boit pas de vin, ça ne se voit pas souvent. » Jean Claude Mensch le maire d’Ungersheim (je serai bien en peine de prononcer ce nom correctement) nous offre l’un des sourires de « Qu’est-ce qu’on attend ? ». A 70 ans il en parait 10 de moins. D’être proche de la nature et engagé doit sacrément l’aider. Il est donc la figure de proue de ce documentaire consacré à un village irréductible d’Alsace. 2200 habitants. Certains se sont dit un jour que la transition écologique, ce n’était pas que des grandes phrases. Il suffisait de se lancer pour que cela devienne une réalité. Après le succès de Demain, un élan est né. L’optimisme prend le dessus. La réalisatrice Marie-Monique Robin bien connue pour ses documentaires engagés (elle travaille actuellement sur « Un monde sans Monsanto") a fait le choix d’une autre forme d’expression. Sa formule est jolie : « J’aime bien soutenir les lanceurs d’alerte, j’ai aussi envie de soutenir les lanceurs d’avenir. » Alors plutôt qu’un nouveau documentaire télé ,elle a fait le choix du cinéma pour « parler à un public plus mobilisé et mobilisable ». Elle a dû prendre un peu son bâton de pèlerin car elle n’a été aidée ni par le CNC ni par les régions. Les distributeurs ne se sont pas bousculés.






Qu’à cela ne tienne! Le bouche-à-oreille va très bien fonctionner. Car ce documentaire donne la  pêche! Jean-Claude Mensch aime à citer Gandhi : « l’exemple n’est pas le meilleur moyen de convaincre, c’est le seul ». Et des preuves il en a : en 10 ans, la commune a économisé 120 000 euros en frais de fonctionnement et réduit de 600 tonnes par an ses émissions de CO2. Depuis 2006, elle n’utilise plus aucun pesticide.

Elle a déployé la plus grande centrale photovoltaïque d’Alsace avec ses 5,3 MgW. 10 000 habitants peuvent ainsi être alimentés.  Au-delà de ce petit village. L’éclairage public a été intégralement changé pour des Led. Conséquence : une baisse de 40% de la consommation d’énergie. Mais l’essentiel n’est pas là. Car dans « Qu’est-ce qu’on attend ? » c’est l’humain qui prime. L’écologie se résume simplement avec ces mots : mieux vivre ensemble.

 

Les portraits se succèdent, sur fond marron puis dans leur quotidien : il y a Christophe Moyses, paysan boulanger qui a abandonné l’agriculture conventionnelle pour cultiver avec sa femme Lili des variétés anciennes de blé.

Jean Baptiste Cuisinier, vétérinaire a changé de métier car il ne supportait plus de « vacciner des vaches ou de les bourrer d’anti bio ». Il dirige désormais la régie agricole. D’autres habitants encore se sont engagés dans une démarche collective autour d’une maison passive. Ceux qui élaborent la maison constate très vite que la paille a les mêmes particularités pour isoler le bâtiment que du polyuréthane. Ne serait-il pas temps de jeter les produits chimiques aux orties ?




Et que dire de ce hongre de trait comtois Richelieu, un cheval à tout faire visiblement ravi . Il emmène les enfants à l’école (4600 kms de voiture épargnés), aide aux travaux agricoles, à l’arrosage des pelouses ou encore la collecte des déchets…


Cela peut paraître idyllique mais Jean Claude Mensch avoue qu’au final c’est une cinquantaine de personnes qui le suit vraiment dans sa démarche. « Il y a des moments où j’ai des doutes ». Mais il continue d’avancer avec la conviction d’avoir raison. Et de reprendre cette devise :  ‘c’est en marchant que l’on ouvre le chemin, il faut donc continuer à marcher. »










Bref je suis encore sortie de la projection avec une patate d’enfer. Un film à voir d’urgence par tous les candidats aux primaires et les autres. Parce que s’il y en a bien certains encore à convertir, ce sont nos politiques. N’oubliez pas Messieurs que vous vous adressez à des humains. Il suffit peut-être de leur dire que cette commune n’augmente plus ses impôts locaux…Et  qu'une centaine d’emplois a été créée. A bon entendeur !

jeudi 17 novembre 2016

La lutte contre le gaspillage alimentaire : une stratégie gagnante pour la grande distribution


Si vous regardez encore la télé et que vous êtes un tantinet attentif, vous avez déjà vu ou vous allez revoir la campagne publicitaire de l'Ademe « Ça suffit le gaspi ». La deuxième phase est lancée.

Une jeune femme met le nez dans son frigo qui lui parle pour lui indiquer les courses à faire. Et éviter ainsi de jeter.

Comme le dit si bien Thomas Pocher directeur d'un Leclerc à Templeuve dans le Nord : « toujours aller faire ses courses en ayant préparé ses menus de la semaine et le ventre plein ! »

Si je vous parle grande distribution c’est parce que l'Ademe vient de dévoiler les résultats d'une opération « distributeurs engagés contre le gaspillage alimentaire».

L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie a travaillé avec 10 magasins de 5 enseignes, Auchan, Carrefour, Intermarché, Leclerc et  Système U pour voir au plus près ce qui pouvait être réalisé pour limiter le gaspillage. Evidemment vous allez peut-être me dire : « encore ces grands méchants de la distribution ! ». Comme le dit si bien la Bible, je pense qu’il serait assez judicieux que chacun aille voir la poutre dans son œil.

Les chiffres sont très parlants. Même si des grandes surfaces s’engagent , la distribution dans son ensemble, c’est-à-dire  enintégrant les marchés locaux, nationaux et toutes les tailles de commerces alimentaires, produit 14 % des pertes et gaspillage alimentaires. Leur taux de perte a été estimé dans cette étude à 3.3 % des volumes achetés. Mais attention les ménages par exemple ont un taux de perte évalué à 7.3 %.  Ce qui signifie que nous jettons beaucoup ! Pour ce qui est de la grande distribution le gaspillage constitue près de 1 400 000 tonnes de produits . C’est l’équivalent de 2.8 millions de repas de 500 g qui étaient consommables et ne l’ont pas été.





Au final les résultats de l’opération sont plus qu’encourageants: les 10 magasins engagés dans l'opération ont réduit leur gaspillage alimentaire en poids de près d’un quart en 3 mois. Cela correspond à 160 tonnes en moins si on le rapporte sur une année, soit l’équivalent de 320 000 repas sauvés. Et comme il faut toujours parler en euros, par magasin, en moyenne, c’est une économie de 70 000 euros par an.

Cette opération a permis à chaque magasin de dresser le bon diagnostic et de mettre en place des actions simples.

Il suffit de simple bon sens : c’est ainsi que Frédéric Vaccaro directeur d'Auchan Boulogne sur Mer met en avant parmi les 10 actions clés menées dans son magasin : la remise de la vente assistée en fruits et légumes. Certains clients peuvent abimer des fruits en les manipulant comme les pêches Avec un tel système, le consommateur est informé et choisit les bons gestes. 2 emplois ont été créés et 15 000 euros économisés en 2 mois.

Parmi les autres actions menées : la mise en valeur des produits proches de la date limite de consommation.

Ils sont souvent peu identifiables dans les rayonnages.

En les mettant dans des bacs dédiés, 90 à 95 % d’entre eux ont ainsi été vendus dans le Système U de Craon en Mayenne. C’est à cette occasion d’ailleurs que j’ai découvert le mot « stickage ». La vente de produits à l’unité est aussi une très bonne astuce. Il peut s’agir de steaks, de tartes coupées en 4 ou encore d’un croissant à l’unité.



Evidemment le don reste une grande priorité. Carrefour a ainsi donné en 2015 l’équivalent de 92 millions de repas à plus de 1000  associations de l’aide alimentaire et aux épiceries sociales : Restos du Cœur, le Secours Populaire, la Croix-Rouge ou les Banques Alimentaires. Il n’est pas le seul.
Il y a donc le consommateur en bout de chaîne mais la grande distribution doit savoir travailler avec les industriels.  J’ai bien compris que c’était loin d’être si simple. Certains à l’image de Thomas Pocher font bouger les lignes. C’est ainsi qu’est né le social business Bon et Bien. Cette entreprise sociale repose sur une cocréation entre McCain, Randstad, et l’E. Leclerc Templeuve. 3 variétés de soupes, pas comme les autres sont ainsi proposées. Elles sortent de l’arrière- boutique de l’hyper Templeuve Les fruits et légumes, donnés par les agriculteurs, ont été écartés des chaînes de triage. Leur forme ou leur état ne correspondaient pas aux standards requis pour la commercialisation dans le rayon. Il suffisait d’y penser.
L’Ademe compte bien avec ses exemples pousser toute la grande distribution à aller toujours plus loin. Elle propose un accompagnement et des fiches diagnostic. Si l’ensemble de la distribution obtenait ces mêmes résultats, elle réduirait son gaspillage alimentaire par an de 305 500 tonnes et 770 millions d’euros.




jeudi 13 octobre 2016

Sowee : EDF passe en mode-start-up pour révolutionner le confort dans l’habitat


Quand Jean-Bernard Lévy se déplace en personne pour dévoiler une innovation de rupture dans l’univers d’EDF, on ne peut que se dire qu’une révolution est en marche. C’était donc ce matin à la Gaîté Lyrique. EDF sait bien que les clients sont de plus en plus informés et de plus en plus volatils. Déjà 70 ans au service des Français. "85% d’entre eux ont une très bonne image du groupe" nous affirme même Henri Lafontaine le directeur commerce d’EDF. Il s’agit donc de franchir une étape supplémentaire dans la relation de confiance. EDF voit grand et Jean-Bernard Lévy son PDG affirme que « pour la première fois un énergéticien propose concrètement un objet connecté, des services et de la fourniture d’énergie. » Du 3 en 1 qui a un nom Sowee. Une filiale et surtout la nouvelle marque de ce géant qui veut «démocratiser l’univers de la maison connectée ».



Le défi est de taille. AU CES de Las Vegas, 70% des produits présentés étaient des objets connectés. Capteurs, thermostat intelligents tous les plus grands noms s’y collent. Ce smart home est finalement le descendant de la domotique. Or soyons clairs, la domotique n’a pas trouvé son marché en France ces dernières années. EDF avec ses 25 millions de clients veut y croire. C’est pourquoi le groupe a décidé de se mettre en mode start-up avec Sowee et d’imaginer de nouveaux modèles. Voilà que le mot "autoconsommation" et l'adjectif "décentralisé" surgissent au fil de la conférence de presse. J’avoue boire du petit lait. Le monde de l’énergie est donc bel et bien en mutation. Sowee c’est en résumé une station connectée, associée à une offre de gaz naturel (n’oublions pas, Eric, qu’EDF fait du gaz ) et des services. Une série de vidéos très courtes nous présentent les fonctionnalités de cette station aux airs de télécommande ultra design. Le client peut notamment intégrer ses températures idéales de chauffage et Sowee réalise son vœu. La station peut donner le budget au client et l’avertit en cas de dépassement. Attention ! Sowee agit dans l’autre sens : vous pouvez adapter vos températures à votre budget. Espérons que vous ne gèlerez pas en fin de mois. Sowee pilote donc le gaz mais aussi l’électricité. La Station connectée est associée à une application qui vous permet de suivre en temps réel vos consommations.



Mais le service va plus loin avec une mesure de la qualité de l’air. Trop de CO2 dans la pièce et hop j’ouvre la fenêtre…pour respirer l’air extérieur..et aérer. Ce n’est pas tout : vous pouvez voir le temps qu’il va faire ou encore l’état de la circulation. Si vous oubliez votre parapluie, vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas. Vous pouvez même communiquer par smiley avec vos enfants (s’ils ont éteint leur portable). Et quand vous partez, vous pouvez éteindre la lumière à distance grâce aux ampoules connectées ou baisser le chauffage. Les têtes en l’air vont être ravies. Bref, Sowee c’est le rêve. Il a quand même un coût :99 euros TTC à la souscription puis 5,5 euros TTC par mois pendant 36 mois pour l’offre globale de station connectée, de pilotage et le gaz. N’oubliez pas quand même d’y ajouter la fourniture de gaz mensuelle. Si vous en restez seulement à la station et au gaz il vous en coûtera 49 euros TTC à la souscription mais impossible de prendre les commandes à distance. Et si vous préférez la concurrence, Sowee fonctionne mais la station seule vous coûtera 319 euros. Finalement c’est comme le téléphone, sans l’opérateur vous devez dépenser plus.



EDF est actuellement en bêta test auprès de 200 particuliers. L’offre a ses limites car elle ne fonctionne que pour le gaz individuel. L’énergéticien ne cache pas qu’il en est au début et compte travailler avec les fabricants d’objets connectés mais aussi les distributeurs pour se faire connaître. On sent le groupe très impliqué et en même temps prudent. Sylvie Jéhanno directrice clients particuliers avance le chiffre d’un million de Stations connectées d’ici dix ans. EDF l’associe au développement de la voiture électrique ou encore le déploiement de panneaux solaires. On en arrive donc à un degré supérieur dans l’autonomie du client. EDF serait-il en train de basculer comme d’autres ? Va--ton encore davantage vers une entreprise de services pour préparer la transition ? L’annonce de ce matin est en tous cas emblématique. Jean-Bernard Lévy est formel : « Nous allons devenir le partenaire du bien-être durable de nos clients. »


lundi 10 octobre 2016

La preuve que l'innovation est payante


J'avoue qu'en ces temps, que l'on dit difficiles, je suis ravie de voir que des entreprises innovantes grandissent.

Nous avons ainsi la preuve que certains n'ont pas peur d'agir et que d'autres n'ont pas peur de les aider. Les esprits chagrins peuvent aller se rhabiller.

Global Bioenergies est un bel exemple de cette dynamique. Marc Delcourt son directeur général a dû réaliser sa première interview télé avec moi. Enfin, je pense, sans prétention. Je ne lui ai pas demandé quel souvenir il en garde.

Depuis il est retourné souvent et à juste titre à l’antenne de B...enfin vous savez …là où je travaillais avant.

Sur le site du même média , j'avais pris un vrai plaisir dans un article à résumer l’enjeu de cette jeune entreprise qui n'est pas des moindres: se passer du pétrole.

Grâce aux vertus de l'isobutène. Global Bioenergies a mis au point une innovation de rupture qui permet de franchir les limites du secteur. Il y a de la concurrence mais pas à la même échelle, c’est assez rare pour être souligné. La clé de son succès : un procédé unique de production fermetaire d’un gaz à partir de matières premières végétales. Marc Delcourt l’explique très bien dans Paris Match ( c’est dire) : « Global Bionenergies utilise des bactéries présentes dans la nature. En récrivant leur ADN, nous leur avons appris à convertir leurs ressources végétales en hydrocarbure. Ainsi, on produit de l’isobutène, une molécule aujourd’hui extraite du pétrole. Ensuite, nous pouvons faire de l’essence, du kérosène, certains plastiques et des carburants. » On peut même en faire des joints de fenêtre. A l’heure qu’il est ,il n’existe pas de bio-kérozène Global Bioenergies peut fusionner les molécules 3 par 3 pour en faire du kérozène. Bref l’isobutène a décidément toutes les vertus.




Je vous ai donc résumé ce que fait la jeune entreprise et je vous confirme que depuis 2008 elle prend de l’ampleur. J'en ai eu la preuve éclatante lors d'une conférence de presse fin septembre.
En peu de temps, un pilote industriel a vu le jour à Pomacle-Bazancourt en Champagne-Ardenne. Place désormais à un démonstrateur industriel qui doit démarrer tout bientôt en Allemagne.

Les partenariats se sont également multipliés avec le constructeur automobile Audi, le chimiste Arkema et plus récemment le géant des cosmétiques l’Oréal. L’isobutène est nécessaire pour la fabrication de crèmes ou de solvants.

Global Bioenergies franchit une nouvelle étape en Suède. Le pays a affiché sa volonté de sortir des énergies fossiles. Un contrat tripartite vient d’être conclu
avec Sveaskog le premier opérateur forestier du pays, Preem, premier raffineur suédois et le bioraffineur Sekab. L’objectif : lancer une usine de production d'iso-octane, dérivé de l'isobutène, directement utilisable comme carburant.

Après la première génération de bio-carburants, il faut diversifier les sources d’approvisionnement pour passer à la paille, au bois ou encore à la bagasse.





Global Bioenergies ne s’arrête pas là et prévoit de nouveaux contrats en 2017. Il avance aussi sur son projet d'usine commerciale d'isobutène biosourcé 'IBN-One', basé en Champagne Ardennes. C’est le résultat de la création d’une joint-venture avec la coopérative sucrière, Cristal Union. Ils ne sont plus seulement 2, le géant parapétrolier français Technip va conduire les travaux d’ingénierie. Baptisée IBN One, elle devrait produire 50 000 tonnes d'isobutène en transformant  200 000 tonnes de sucres. L’industrialisation est donc en marche. Je ne m’étalerai pas sur les comptes mais pour résumer Global Bioenergies a des soutiens financiers et des euros disponibles. Il a donc le temps de voir venir et d’aborder une nouvelle étape importante : celle de la commercialisation. Partir à la conquête de nouveaux clients. Donc si je résume, je n’ai pas fini de vous en parler…ici ou ailleurs.




mardi 20 septembre 2016

Consommation responsable : des Français plus concernés mais partagés



La conférence de presse donnée il y a quelques jours par Greenflex qui se définit comme un designer de solutions durables m’a donné le sourire. Vous allez me dire que je ne le perds pas souvent. Disons que je suis convaincue qu’il y a la place ici en France pour un média original qui permettra à chacun de s’informer sur ce que peut apporter une autre façon de vivre et de consommer. Sans être écolo, tout simplement plein de bon sens. La dernière étude menée par Kantar Media Intelligence et analysée par Mediaplus France auprès de plus de 4000 personnes prouve qu’il y a un public.


Certes ne nous emballons pas, on constate une fracture toujours plus importante des comportements. Et les « changez rien » restent 15% de la population. Cette France à 2 vitesses dont a parlé à cette occasion l’académicien Erik Orsenna. La crise économique n’arrange rien à l’affaire. Des jeunes peuvent se retrouver dans cette catégorie des frileux face au changement. J’allais vous dire que, s’ils votent extrême droite, ce n’est pas un hasard. A l’inverse, il y a des moins de 35 ans très engagés et connectés. L’effet Cop 21 se fait sentir finalement. Evidemment à  y regarder de près, il reste du chemin politique à parcourir. Un accord sans date limite c’est un peu léger mais la société civile a prouvé à cette occasion son engagement. Bruno Léchevin président de l’Ademe estime d’ailleurs qu’il y a eu une sorte de révolution citoyenne. « Nos concitoyens savent que si on peut compter sur les États, il faut d’abord compter sur nous- mêmes.’

 

Les chiffres de l’étude en témoignent : la part des Français concernés par les enjeux du développement durable et de la consommation responsable a fortement augmenté en 2016 : ils représentent désormais 60,7% des personnes interrogés, ils étaient un peu plus de 45% l’année précédente. Ce sont les problématiques de santé et de lutte contre le gaspillage qui gagnent du terrain. Pour 60% des Français, la priorité est de ne pas gaspiller. Une progression de 11 points tout de même par rapport à 2014. Quasiment tous veulent se tourner vers une consommation ‘utile et responsable ‘. Une forte dose de Cash Investigation devrait les aider… Pour les trois quarts de la population, consommer responsable est une façon de s'impliquer.

Près d’un quart des Français affirme acheter régulièrement des produits labellisés bio. Beaucoup pensent à leurs enfants car ce qui les ferait bouger avant tout, c’est la certitude d’assurer l’avenir des générations futures. A 39%. Vient ensuite le bien-être de la planète à 23% puis son propre bien-être à 15%. J’avoue être un peu surprise dans notre société égocentrée. Le bien-être de sa famille mais aussi son bonheur restent des quêtes pour tous les sondés. Là encore je suis persuadée que les convaincus que nous sommes arriverons à convaincre un plus grand nombre en leur parlant finalement de ce qui va leur faire du bien. Manger mieux, dépenser intelligemment, partager…Les « changez rien » restent encore dans une idée de contrainte. En toute logique, ce sont les femmes qui restent une locomotive. Elles sont les plus présentes dans les catégories ‘émoteurs ‘ (motivés par les valeurs de partage et de transformation sociale et sociétale) et dans celle des « exemplaires » (guidés par une vision globale du monde). Ou encore les « en quête de sens »  avec une consommation durable de qualité. Je ne me permettrai pas d’ailleurs de me jeter la moindre fleur. Il va falloir en tous cas faire preuve de pédagogie car, avec 8 typologies différentes et quasiment équivalentes, les Français sont assez partagés sur les enjeux durables. Chaque groupe semble s’éloigner de l’autre en se réappropriant sa consommation et en inventant son propre modèle de société.  




Seule certitude c’est par l’information intelligente que ces sujets gagneront un nouveau public. Et c’est là que j’ai le sourire car 64,5% des français souhaitent des infos sur l'impact environnemental . Le digital est par ailleurs devenu une source de communication responsable. Les Français s’y informent. On retrouve aussi des influenceurs sur les réseaux sociaux. La piste est donc à creuser sérieusement. Tout est donc loin d’être parfait mais même face aux plus sceptiques ‘on ne peut dire pas qu’il n’y a pas de levier d’action » ajoute Elizabeth Pastore-Reiss directrice générale de Greenflex. « Si certains savent qu’ils peuvent agir eux-mêmes, ils seront prêts à changer. Et cela d’autant plus s'ils voient que cela leur fait du bien. »






lundi 12 septembre 2016

La dématérialisation, vraiment green ?


Je n’arrête pas de vous dire que nous faisons du développement durable sans le savoir. Figurez-vous que le prélèvement à la source... c’est très vert. Je vous vois sourire derrière votre écran. Je vais vous le prouver. Parce que derrière cette nouvelle réalité qui peut en effrayer plus d’un, il y a la question de la dématérialisation. Un thème majeur pour notre service public dont le Cegid a parlé à quelques Happy Few récemment. Autant vous prévenir, je ne me lancerai pas dans un article pointu-vous pourriez être déçu- mais il me semble important de parler de ce thème qui fait partie de notre quotidien. Il faut dire que le Cegid s’y connaît dans ce domaine. Il est le 1er éditeur français de solutions de gestion dans l’univers de la finances et des RH . 4 millions de fiches de paie passent entre ses mains, enfin derrière son écran.

« La dématérialisation, je la qualifie de polymorphe et hyperpuissante. On est passé de sl'action de canner à celle d' rchiver puis à la mise en place de plateformes collaboratives. » Hélène Barrios directrice générale du Cegid Public voit clairement une évolution. On peut la comprendre. Tout a commencé dans les années 2000 avec les Archives de France. Puis la dématérialisation a gagné il y a 10 ans les marchés publics.  J'y reviendrai un peu plus loin. La DSN  a changé l’univers de la RH. Derrière cette acronyme, tout simplement la déclaration sociale nominative. Elle remplace et simplifie la majorité des déclarations sociales en automatisant leur transmission à partir des données de paie.
Le privé est largement engagé car il en est déjà la phase 2. Tout doit être terminé en janvier 2018. Autant dire que c’est demain. Le secteur public doit y arriver en 2019-2020 mais le calendrier se fait un peu attendre.  L
e prélèvement à la source y trouve donc tout naturellement sa place. Pour rappel la loi prévoit qu’à partir de janvier 2018, l’impôt mensualisé sera automatiquement déduit du salaire ou de la prestation. Le montant du prélèvement sera indiqué sur la feuille de paie.




 Ce n’est pas la seule démarche qui change. La loi Macron (qui porte toujours son nom malgré son départ –parenthèse peu utile, je l’avoue mais je me lâche) vise la dématérialisation des factures dans le secteur public venant des grandes entreprises au plus petites de 2017 à 2020. Les chiffres parlent d’eux. Ce sont 100 millions de factures par an qui sont gérées par l’Etat soit 500 millions de tonnes de papier. Ne nous leurrons pas : l’objectif est d’aller vers une gestion plus performante mais l’impact écologique est loin d’être négligeable. Hélène Barrios rappelle d’ailleurs quand lors du Grenelle de l’Environnement, le cloud avait été mis en avant pour permettre de valoriser le green IT. Nous sommes loin de l’idéal mais le concept progresse. Avec le coffre-fort numérique en particulier. Mais là encore le retard se fait sentir : le taux d’adoption est de 15% en France quand il atteint les 73% en Grande-Bretagne et les 95% en Allemagne. Le manque de confiance est manifeste. Le Cegid propose d’y remédier avec le DSN Link,  une base technique commune. Vous pouvez ainsi suivre toutes les informations relatives à la DSN, à son processus de dépôt, de réception et de validation de la part des différents organismes de protection sociale, via des tableaux de bord directement intégrés dans la solution de gestion de la paie. Mais comme le précise Hélène Barrios la loi doit permettre d’aller plus loin et d’authentifier le document en toute sérénité.


Il y a des exemples prometteurs comme la Communauté d’Agglomération de Melun-Val de Seine. Dès 2008, elle se lançait dans la dématérialisation. 5000 factures par an à gérer et 4 feuilles A4 pour chaque facture., Le calcul est simple et là encore l’économie est substantielle. A partir de 2013, c’est la dématérialisation totale des factures. Elle permet non seulement de limiter la consommation de papier mais aussi de réduire les délais. La communauté a gagné 10 jours dans les délais de paiement qui se réduisent désormais à 18 jours. Cela peut faire rêver. Bon mais tout cela est-il vraiment green ? J’avoue ne pas avoir la réponse. Certains pourront souligner a contrario l’impact du net sur l’environnement. Moins de papier mais plus de réseau : quelle est la bonne équation ? Et je ne parle pas de ceux qui continuent à imprimer leur bulletin de salaire. La dématérialisation est avant tout un changement culturel. Il y a encore beaucoup de pédagogie à faire. Promis, je m’y mettrai plus longuement une prochaine fois!

vendredi 26 août 2016

Qu'est-ce qu'on attend? Ou la culture du paradoxe

 

Me voilà donc de retour parmi vous après un été très riche. J'espère que vous avez la même pêche que moi. La Rochelle est décidément une belle ville où il fait bon vivre une Université d'été. Le PS n'a pas renouvelé l'aventure, ils doivent être nombreux à le regretter. Heureusement les experts de la transition énergétique restent très présents dans cet endroit magique. Et je dois dire que cela arrange bien mes affaires. J'ai donc eu la chance de participer aux deux journées de l'Université d'été de la Fondation E5T qui porte un ensemble de réflexions sur la transition énergétique. C'est déjà la 4ème édition Une belle invitation que je ne regrette pas du tout. Nous étions 400 convaincus par la nécessité d'agir. Cela donne du baume au cœur surtout quelques mois après la Cop 21. Et pourtant, parce que l'humain est ce qu'il est , nous cultivons des paradoxes. C'est ce qui est ressorti des débats.

D'emblée Myriam Maestroni, présidente de la fondation E5T a planté le décor: 2016 bat pour la 3ème année consécutive des records de hausse des températuresJe pense que les Parisiens ne vont pas dire le contraire aujourd'hui. La concentration de CO2 n'a jamais été aussi élevée. Et pourtant nos Etats continuent de subventionner à tour de bras les énergies fossiles. Il y a trop de dissensions entre les pays sur les efforts à faire. Aucun prix n'a été fixé au carbone. Christian de Perthuis professeur associé d'économie à Paris Dauphine a évidemment abondé dans ce sens. Selon lui, si l'on veut résoudre la question climatique, on doit inclure dans le coût de production une évaluation des dommages climatiques. L'idée fait timidement son chemin, Ségolène Royal en parle mais on est loin du compte. Et pourtant le temps presse pour l'humanité.


Étonnamment, comme nous ne sommes pas à un paradoxe près, les questions anthropologiques sont très peu présentes dans le débat. C'est Pascal Picq paléoanthropologue que l'on ne présente plus qui s'en étonne. Et pourtant, comme il le dit, nous avons tous une origine commune et sommes tous engagés dans une trajectoire qui va poser des problèmes pour l' humanité. Qui en pose déjà. Il suffit de voir ce qui se passe autour de nous: inondations, sécheresse, incendies..."Il ne se passe pas un jour sans phénomène climatique et pourtant nous avons l'impression qu'il y a plus important". Corinne Lepage ancienne ministre, présidente de Cap 21 le regrette. Et de dire sans détour: "nous avons besoin d'un choix politique fort et de cohérence. " Thomas Porcher docteur en économie à Paris Sorbonne renchérit: "il y a un consensus scientifique, les technologies sont là, nous savons tous que nous devons agir et pourtant il semble que nous aurions besoin d'un marché pour valider notre comportement." Le prix du carbone ne résoudra sûrement pas tout. "Il va falloir passer d'une vision court terme à une vision long terme. "

Alors pourquoi ceux qui nous gouvernent ne bougent-il pas? Je pense avoir trouver une petite réponse. C'est Christophe Bonnery président de l'association des Économistes de l'énergie qui me l'a soufflée. Tout est encore une question d'argent. Nous avons les outils pour changer de braquet mais les investissements seront lourds, très lourds.

D'après une étude de l'OCDE, pour répondre à la demande en énergie, il faudrait encore investir 200 milliards d'euros dans les énergies fossiles et 350 milliards dans le nucléaire. De leur côté, les énergies renouvelables représenteraient des investissements de 1500 milliard d 'euros. Les chiffres parlent d eux mêmes. Si nous voulons décarboner notre économie, il faut donc investir beaucoup et rapidement. En ces temps de crise cela s'annonce bien complexe. Je le sens, je vous ai tous déprimés. J'avoue que je me suis mise à me poser beaucoup de questions. Il ne faut pas se voiler la face. Heureusement les heures suivantes ont été passionnantes et enthousiasmantes: des transports plus doux, de l'habitat durable, de l'agro-agriculture, tous les secteurs s'engagent et innovent. Les entrepreneurs et les enseignants se sont succédés à la tribune de l'université. Je ne peux tout vous résumer mais j'avais envie de mettre en avant certaines innovations très parlantes.

Il y en a évidemment que je connaissais déjà. Comme McPhy. Derrière ce nom aux consonances anglo-saxonnes, une entreprise bien française qui fait avancer le stockage. Son secret: une connaissance parfaite de l'hydrogène. La voiture électrique peut vous emmener plus loin, plus longtemps grâce au prolongateur d'autonomie à hydrogène. Cet hydrogène peut aussi être injecté dans les réseaux de gaz naturel. Il permet d'équilibrer et d'optimiser les réseaux d énergie.

Il a été beaucoup été question d'auto-consommation avec tout d'abord Comwatt. Grégory Lamotte son fondateur est un convaincu: il rappelle que le solaire est l'énergie la moins chère dans le monde. Il est possible, d'après lui, d avoir un mix énergétique renouvelable moins cher dès maintenant. Comwatt qui a d'ailleurs reçu l'un des Trophées E5T de l'innovation territoriale propose donc de piloter automatiquement l'ensemble de vos appareils en synchronisant l offre et la demande. On peut ainsi faire marcher son cumulus quand l'énergie solaire est à son maximum.

Autre moyen d'auto-consommer: l'Arbre à vent. Esthétiquement, il est magnifique. Sur l'écran derrière Jérôme Michel Lariviere Pdg de NewWind, tous les participants braquaient des yeux d'enfants. Son coût est encore élevé donc il est plus adapté aux collectivités qu'à un particulier. Cet arbre compte plus de 60 feuilles qui captent les turbulences de nos villes. Il suffit d'un vent de 7 km/h. Il permet d'alimenter une quinzaine de lampadaires ou encore 70 places de parking... J'avoue aussi avoir fait des découvertes. C est le cas avec le méthanol présenté par Philippe Boulanger chargé des opérations européennes de Carbon Recycling International. Il s'agit de recycler du dioxyde de carbone pour produire ce nouveau carburant. Les usines permettent un bel approvisionnement. Selon Philippe Boulanger, ce méthanol serait mieux que l'essence. Certes on le critique souvent en disant qu'il est toxique car on ne peut pas le boire. Avouons-le, un bon verre d'essence passe mal aussi... Une première usine a vu le jour en Islande.

Ces entrepreneurs m'ont redonné la pêche. Vous pouvez d'ailleurs voir toutes ces interventions si vous le souhaitez. J'ai plus que jamais envie de mettre en lumière leurs démarches. Plus les citoyens seront informés et engagés, plus ils pousseront nos dirigeants à bouger. Il faut l'espérer. J'ai donc envie de citer la phrase slogan de cette université E5T " If you can dream it, you can do it." Elle vient du grand philosophe Walt Disney , comme le dit avec humour Myriam Maestroni. Mais j'ajouterai pour la parapher qu'il ne s'agit plus de rêver, il faut maintenant agir. Je suis donc repartie avec des fourmis dans les jambes. La Cop 22 se profile à l'horizon. Oublions nos paradoxes et les blablas . Dans quelques temps il sera bien trop tard.

mardi 26 juillet 2016

L'ennemi est ailleurs

 
De retour de quelques jours de congés, j'ai fait le tour ce matin d'un kiosque à journaux. Les titres n'ont rien d'attrayant. Les photos de la tragédie de Nice s'étalent sous nos yeux. Une question en Une sur fond blanc:comment vivre avec la peur? A chaque jour son lot d'horreurs entre machette et coups de couteau. Au Moyen-Age, personne ne savait rien de ce qui se passait à plus de 3 kilomètres à la ronde et franchement on ne se portait pas plus mal. Vous me direz que je n'y étais pas mais je le suppose. A force de valoriser les drames, nous nous replions dans notre cocon et les extrémismes montent. Daesh est le symbole de la fin d'un système. Les limites sont atteintes. Notre modèle de société doit évoluer. J'ai envie de prendre du recul comme souvent quand nous revenons de vacances plus sereins, avec l'envie de mettre les pendules à l'heure. Je ne minimiserai pas les horreurs qu'ont vécu les familles des victimes des attentats. Comment continuer à vivre sans comprendre pourquoi ?


Mais pendant que nos esprits se focalisent-à juste titre-sur cet ennemi islamique, nous ne voyons plus qu'une bien plus grande tragédie se joue qui ne fera qu'accentuer les phénomènes dont je parlais. Il y a quelques jours dans les colonnes de Libération ,le climatologue Jean Jouzel, ancien vice-président du groupe scientifique du Groupement intergouvernemental d’experts sur le climat , le Giec, disait: «La rapidité du réchauffement actuel, en moyenne globale, n’a pas connu d’équivalent depuis au moins 8 000 ans […] et il est possible qu’elle n’ait pas d’équivalent à l’échelle géologique»,

Le mois de juin a été le plus chaud jamais enregistré sur la planète depuis le début des relevés de températures, en 1880. N'en déplaise à ceux qui ont vécu dans la grisaille ou sous les trombes d'eau parisiennes. Juin a été le quatorzième mois consécutif durant lequel un record mensuel de chaleur a été battu. C'est la plus longue période continue de montée des températures globales en 137 ans. Et si vous bronzez en me lisant-ce qui est fort peu probable,je l'avoue- sachez que le premier semestre de 2016 a été de loin le plus chaud relevé dans les annales. Une température moyenne 1,3°C plus élevée qu’à la fin du 19ème siècle, selon la Nasa. Votre pastis sera vite rafraîchi car la banquise fond de façon tout à fait inattendue.
Si le sort des ours polaires vous laisse de glace, peut-être que celui de votre portefeuille va vous faire réagir.

Après Jean-Jouzel, c'est le chercheur Tord Kjellstrom du Health and Environment International Trust de Nouvelle-Zélande qui s'inquiète en ce mois de juillet pour notre avenir économique. L'idée n'est pas neuve mais il est toujours bon de la rappeler. Il prévoit que la hausse des températures va engendrer une perte de productivité au niveau national. En Asie du Sud, 20% d'heures de travail annuelles auraient ainsi été perdues pour les emplois les plus exposés aux fortes chaleurs. Selon lui, le besoin de se reposer en période de forte chaleur "deviendra un problème majeur " en particulier pour les ouvriers et les agriculteurs qui travaillent le plus souvent en extérieur.  .
Au total, il estime que 43 pays verront leur PIB diminuer Jusqu’à -6% de produit intérieur brut (PIB) en Thaïlande et en Indonésie, -3,2% en Inde, -0,8% en Chine. Ce n'est pas tout. L'auteur de cette étude chiffre aussi le nombre de décès liés aux catastrophes naturelles survenues depuis 36 ans. Entre 1980 et 2012, il a recensé 21.000 catastrophes - cyclones, inondations et glissements de terrain . Elles ont provoqué la mort de 2,1 millions de personnes. Notre pire ennemi.

La guerre est donc ouverte et il va bel et bien falloir s'unir. Autant le dire, la Cop 21 c'était bien joli et prometteur mais nous savons déjà que l'accord conclu ne suffit pas. Jean Jouzel nous le rappelle. Selon lui, limiter le réchauffement à long terme à 2°C par rapport au niveau préindustriel «requiert d’aller bien au-delà» des engagements de baisse des émissions de gaz à effet de serre pris en décembre . Il faudra «au minimum les doubler d’ici à 2030, puis poursuivre de façon à atteindre la neutralité carbone dans la seconde partie du siècle, avec la nécessité "d’émissions négatives" d’ici à 2100». Préserver notre humanité va exiger un vrai combat. Reste à espèrer que nous saurons lequel mener.
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