jeudi 7 juillet 2016

Le management par l'écoute: Orange dialogue


Le dialogue entre parties prenantes est devenu l’une des pierres angulaires de la RSE. Je perçois tout de suite chez les néophytes un grand flottement .Au moins 3 mots inconnus dans la première phrase de cet article. Nathalie Croisé est en train de nous semer! Je vous rassure, L’avantage avec ces sujets c’est qu’ils ramènent tous au bon sens. Donc si je veux vous résumer clairement ce dont je parle, je vous dirai que si nous voulons avancer dans une entreprise-et ailleurs-il vaut mieux écouter tout le monde afin d’apporter des réponses appropriées. CQFD. Ce dialogue entre parties prenantes tient particulièrement à cœur d’Orange qui organisait en ce début d’été une matinée de restitution de ses échanges à travers 6 pays dans le monde sur les thèmes de la Diversité et de l’Egalité professionnelle. Vaste champ de réflexion. Orange a bien changé en 6 ans. Jérôme Barré, le directeur exécutif Ressources Humaines du groupe l’a rappelé en introduction. Le nouveau contrat social a répondu au fort malaise dans l’entreprise-et encore j’édulcore. Et désormais les salariés disent qu’il est mieux de travailler chez Orange qu’ailleurs. Il a fallu un électrochoc comme dans d’autres cas. L'actualité médiatique récente nous le rappelle. Mais désormais le groupe n’a pas peur d’affirmer qu’il veut proposer une expérience digitale mais aussi humaine.

Pour ce dialogue parties prenantes, ce sont plus de 300 salariés qui ont été consultés directement, tout autant par le biais des réseaux sociaux. 6 experts ont aussi fourni leur éclairage. Avec 156 000 salariés dans le monde, la diversité est une problématique forte. Sénégal, Russie, Roumanie, Inde, Jordanie et bientôt Espagne et Egypte, le sujet a été mis au cœur d’ateliers de réflexion. Au Sénégal, diversité rime essentiellement avec personnes en situation de handicap. Sonatel, le « Orange Sénégalais’ a décidé de s’engager à travers la signature d’un accord avec Apave qui accompagne les personnes à mobilité réduite. Il souhaite aussi conclure un protocole avec Handicap International. En France, accepter l’autre dans sa différence nécessite de dépoussiérer les esprits. Ce fut le cas avec l’arrivée d’un stagiaire autiste dans les locaux. Conclusion: des entités non concernées au départ se sont dit que ce serait un atout pour le groupe de travailler avec d’autres stagiaires au même profil. La diversité, c’est aussi faire travailler les jeunes avec les moins jeunes ensemble. Lenjeu économique est de taille car comme le rappelle Jérome Barré, la moyenne d’âge chez Orange est assez élevée. Tout va changer en moins de 10 ans. Plus de la moitié des salariés aura alors moins de 35 ans. Nous nous amusons d’entendre un étudiant en informatique indien estimait qu’une entreprise devrait avoir 20 à 30 % de seniors et donc une majorité de plus jeunes car il faut aussi de l’énergie. Orange réfléchit à de nouvelles méthodes de travail et regarde de près ce que font d’autres grands groupes. Ramon Fernandez directeur général délégué en charge des finances et de la stratégie cite ainsi Accor et son « shadow comex ». Avant un conseil d’administration du géant hotelier, des trentenaires se réunissent pour plancher sur l’ordre du jour et apporter leur éclairage aux quinquas qui prendront des décisions le lendemain. Une initiative du même ordre pourrait bien voir le jour chez l’opérateur. En tous cas les réflexions sont engagées. Toutes les parties prenantes externes attendent une forte exemplarité d’Orange en la matière. Il ne faut pas négliger non plus la réglementation qui pousse l’entreprise à changer. Laurent Vitoux directeur régional Nord Pas de Calais rappelle que le volet 'insertion ' représente 20% de la note dans un appel d’offres. La diversité doit aussi améliorer la compétitivité d’une entreprise.

Autre sujet majeur : l’égalité hommes-femmes. Là encore le groupe progresse mais pourrait faire mieux comme l’admet Jérôme Barré. Les catégories hiérarchiques sont clairement déséquilibrées. Roxane Adle en charge du dossier admet qu’il reste du chemin à faire notamment dans les métiers techniques. Et que dire des différences culturelles ? Quand on est présent dans 28 pays, le démarche ne peut pas être la même partout. Roxane Adle cite ainsi la Jordanie où les hommes et les femmes ont leur rôle précis. Le déplacement professionnel des femmes peut s’avérer un casse-tête : 2 femmes peuvent monter dans une voiture mais pas accompagnées d’un homme . Je préfère ne pas en dire plus, je risquerai de me fâcher. Cet exemple malheureux nous éclaire sur la dimension que doit prendre la démarche d’Orange : elle doit être à la fois globale et locale. « Glocale » pour reprendre les termes de Christine Rabret directrice Egalité des chances du groupe. Enfin des sujets plus sensibles ont été abordés, ils sont qualifiés ici de « signaux faibles » : on y trouve tout de même la religion, l’orientation sexuelle, la maternité et ses conséquences ou encore les diplômes. Orange semble encore très prudent sur ces thématiques. Dans cette matinée et en plein Ramadan j’ai simplement entendu parler du malaise ressenti après les attentats de Charlie Hebdo. Magali Moulin directrice des Ressources Humaines de la direction Orange Centre Est a évoqué une salarié transgenre. En rappelant que finalement tous ces sujets touchaient à la partie la plus intime de chacun d’entre nous et qu’ils étaient donc très sensibles. Elle affirme qu’il s’agit de « vivre ensemble sur des bases purement professionnelles de compétence.»

 
Je sens bien que la parole est moins facile, c’est compréhensible. Il faut saluer la démarche d’Orange car le groupe ose évoquer des sujets parfois tabous. Il ne se fait peut-être pas que des amis. Les plus critiques parleront encore de « cosmétique » Les membres du Comex présents ont –c’est une certitude-témoigné en toute transparence. Le mot de ‘bienveillance’ a été évoqué à plusieurs reprises au cours de la matinée. Je dirai que c’est un signal fort. Tout le monde souhaite que ce dialogue se poursuive et devienne même régulier. J’ai envie de retenir en conclusion cette phrase de l’une des expertes externes invitées à commenter la démarche . Il s’agit de Valérie Petit professeur à l'EDHEC Business School. '"e manager de demain ,c’est celui qui prend en considération l’autre" Si tout le monde pouvait faire de même…

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