mardi 26 juillet 2016

L'ennemi est ailleurs

 
De retour de quelques jours de congés, j'ai fait le tour ce matin d'un kiosque à journaux. Les titres n'ont rien d'attrayant. Les photos de la tragédie de Nice s'étalent sous nos yeux. Une question en Une sur fond blanc:comment vivre avec la peur? A chaque jour son lot d'horreurs entre machette et coups de couteau. Au Moyen-Age, personne ne savait rien de ce qui se passait à plus de 3 kilomètres à la ronde et franchement on ne se portait pas plus mal. Vous me direz que je n'y étais pas mais je le suppose. A force de valoriser les drames, nous nous replions dans notre cocon et les extrémismes montent. Daesh est le symbole de la fin d'un système. Les limites sont atteintes. Notre modèle de société doit évoluer. J'ai envie de prendre du recul comme souvent quand nous revenons de vacances plus sereins, avec l'envie de mettre les pendules à l'heure. Je ne minimiserai pas les horreurs qu'ont vécu les familles des victimes des attentats. Comment continuer à vivre sans comprendre pourquoi ?


Mais pendant que nos esprits se focalisent-à juste titre-sur cet ennemi islamique, nous ne voyons plus qu'une bien plus grande tragédie se joue qui ne fera qu'accentuer les phénomènes dont je parlais. Il y a quelques jours dans les colonnes de Libération ,le climatologue Jean Jouzel, ancien vice-président du groupe scientifique du Groupement intergouvernemental d’experts sur le climat , le Giec, disait: «La rapidité du réchauffement actuel, en moyenne globale, n’a pas connu d’équivalent depuis au moins 8 000 ans […] et il est possible qu’elle n’ait pas d’équivalent à l’échelle géologique»,

Le mois de juin a été le plus chaud jamais enregistré sur la planète depuis le début des relevés de températures, en 1880. N'en déplaise à ceux qui ont vécu dans la grisaille ou sous les trombes d'eau parisiennes. Juin a été le quatorzième mois consécutif durant lequel un record mensuel de chaleur a été battu. C'est la plus longue période continue de montée des températures globales en 137 ans. Et si vous bronzez en me lisant-ce qui est fort peu probable,je l'avoue- sachez que le premier semestre de 2016 a été de loin le plus chaud relevé dans les annales. Une température moyenne 1,3°C plus élevée qu’à la fin du 19ème siècle, selon la Nasa. Votre pastis sera vite rafraîchi car la banquise fond de façon tout à fait inattendue.
Si le sort des ours polaires vous laisse de glace, peut-être que celui de votre portefeuille va vous faire réagir.

Après Jean-Jouzel, c'est le chercheur Tord Kjellstrom du Health and Environment International Trust de Nouvelle-Zélande qui s'inquiète en ce mois de juillet pour notre avenir économique. L'idée n'est pas neuve mais il est toujours bon de la rappeler. Il prévoit que la hausse des températures va engendrer une perte de productivité au niveau national. En Asie du Sud, 20% d'heures de travail annuelles auraient ainsi été perdues pour les emplois les plus exposés aux fortes chaleurs. Selon lui, le besoin de se reposer en période de forte chaleur "deviendra un problème majeur " en particulier pour les ouvriers et les agriculteurs qui travaillent le plus souvent en extérieur.  .
Au total, il estime que 43 pays verront leur PIB diminuer Jusqu’à -6% de produit intérieur brut (PIB) en Thaïlande et en Indonésie, -3,2% en Inde, -0,8% en Chine. Ce n'est pas tout. L'auteur de cette étude chiffre aussi le nombre de décès liés aux catastrophes naturelles survenues depuis 36 ans. Entre 1980 et 2012, il a recensé 21.000 catastrophes - cyclones, inondations et glissements de terrain . Elles ont provoqué la mort de 2,1 millions de personnes. Notre pire ennemi.

La guerre est donc ouverte et il va bel et bien falloir s'unir. Autant le dire, la Cop 21 c'était bien joli et prometteur mais nous savons déjà que l'accord conclu ne suffit pas. Jean Jouzel nous le rappelle. Selon lui, limiter le réchauffement à long terme à 2°C par rapport au niveau préindustriel «requiert d’aller bien au-delà» des engagements de baisse des émissions de gaz à effet de serre pris en décembre . Il faudra «au minimum les doubler d’ici à 2030, puis poursuivre de façon à atteindre la neutralité carbone dans la seconde partie du siècle, avec la nécessité "d’émissions négatives" d’ici à 2100». Préserver notre humanité va exiger un vrai combat. Reste à espèrer que nous saurons lequel mener.
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1 commentaire:

  1. Dans un contexte économique mondial ultra libéral, aucun pays du projet cop21,sera en mesure de faire les efforts nécessaires prévus par ce traité.L'humanité court à sa perte.

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