jeudi 24 novembre 2016

Nous devrions tous être écolos...


J'ai envie de donner une petite leçon d’ouverture d’esprit à nos politiques qui se perdent dans des débats vains autour de l’IVG et de l’adoption des gays et qui pour la plupart s’accrochent à une vision économique passéiste. La hausse de la TVA ne règlera pas nos problèmes. Voilà ça c’est dit .

En revanche avoir une vision à long terme en se disant que l’enjeu majeur c’est la lutte contre le dérèglement climatique , cela aurait de la gueule. Et je ne dis pas cela parce que je suis en train de dévorer le pavé de Naomi Kleim « Tout peut changer-capitalisme et changement climatique ».

Bientôt au Parlement des Entrepreneurs d’Avenir à Bordeaux  (N'y voyez aucun clin d'oeil à AJ) , j’aurai le grand plaisir d’animer un débat sur le financement de l’économie positive.

En résumé placer son argent dans des entreprises qui ont un impact positif sur l’environnement et sur les humains. Oui, les humains parlons-en ! Et en prime des entreprises rentables. Non ce n'est pas sale !


Il y en a qui ont tout compris, ce sont les investisseurs. Enfin certains...peut-être de plus en plus. C’est ainsi que j’ai assisté ce matin à l’annonce officielle du mariage de Demeter Partners et EmertecGestion. La société de gestion et la société de capital-risque se rapprochent pour constituer le leader européen du capital-investissement dans les secteurs de la transition énergétique et de l’environnement. A elles deux depuis 10 ans, 12 000 dossiers reçus, 550 millions d’euros investis et 120 entreprises financées. Bernard Maître président du directoire d’Emertec coupe court à toutes les spéculations : « Cette alliance est très offensive, personne n’est malade ». Et d’ailleurs avec Stéphane Villecroze manager partners de Demeter, ils ont brossé un tableau enthousiasmant du secteur.

Les énergies renouvelables ont le vent en poupe. 330 milliards de dollars investis, un chiffre multiplié par 4 en peu de temps. Le véhicule électrique se développe et en particulier le haut de gamme avec la Tesla S. Tout le secteur de la bioéconomie et de la chimie verte est en pleine expansion. Je vous éviterai tous les détails super techniques car j'a vraiment l'envie de rendre tous ces sujets très accessibles. C’est très simple et Bernard Maitre dit tout en quelques mots : « On investit dans des entreprises qui changent le monde ». C’est ainsi que les deux entités accompagnent McPhy Energy spécialiste du stockage et de la distribution de l’hydrogène, Fermentalg qui valorise le potentiel des micro-algues, Ynsect qui mise sur les insectes pour nourrir les animaux. Il faut préciser que la croissance de la demande en protéines végétales devrait atteindre 43% d’ici 2030 et celle en protéines animales 33%. Solaire Direct a aussi été accompagné avant le rachat par Engie. Ce sont des exemples parmi d’autres mais ils prouvent que ces entreprises préparent l’avenir.

Demeter et Emertec qui restent sociétés mères dans ce rapprochement peuvent s’appuyer sur 60 investisseurs : des institutionnels mais aussi des industriels comme Engie justement, Veolia, Suez ,Total , Vinci , RATP , Alstom  ou encore Avril . Tous ont bien compris que la pression allait être de plus en plus forte sur ceux qui ne réduiront pas leur empreinte carbone.

Le groupe a donc pour ambition de financer 12 sociétés par an ce qui correspond à la dynamique du secteur. Tous deux estiment qu’en se rapprochant, ils sont ainsi plus forts pour attirer les investisseurs étrangers, anglo-saxons mais aussi asiatiques. Ne nous leurrons pas : si des investisseurs le font c’est que le jeu en vaut la chandelle. Alors répétons-le, la lutte contre le changement climatique est le grand défi à relever. Personne ne doit passer à côté. Il est vraiment temps que ceux qui nous gouvernent s’y mettent sérieusement.




mercredi 23 novembre 2016

« Qu’est-ce qu’on attend ? » ou quand un nouveau film donne l’envie de faire la transition écologique !


 

« Un maire végétarien et qui ne boit pas de vin, ça ne se voit pas souvent. » Jean Claude Mensch le maire d’Ungersheim (je serai bien en peine de prononcer ce nom correctement) nous offre l’un des sourires de « Qu’est-ce qu’on attend ? ». A 70 ans il en parait 10 de moins. D’être proche de la nature et engagé doit sacrément l’aider. Il est donc la figure de proue de ce documentaire consacré à un village irréductible d’Alsace. 2200 habitants. Certains se sont dit un jour que la transition écologique, ce n’était pas que des grandes phrases. Il suffisait de se lancer pour que cela devienne une réalité. Après le succès de Demain, un élan est né. L’optimisme prend le dessus. La réalisatrice Marie-Monique Robin bien connue pour ses documentaires engagés (elle travaille actuellement sur « Un monde sans Monsanto") a fait le choix d’une autre forme d’expression. Sa formule est jolie : « J’aime bien soutenir les lanceurs d’alerte, j’ai aussi envie de soutenir les lanceurs d’avenir. » Alors plutôt qu’un nouveau documentaire télé ,elle a fait le choix du cinéma pour « parler à un public plus mobilisé et mobilisable ». Elle a dû prendre un peu son bâton de pèlerin car elle n’a été aidée ni par le CNC ni par les régions. Les distributeurs ne se sont pas bousculés.






Qu’à cela ne tienne! Le bouche-à-oreille va très bien fonctionner. Car ce documentaire donne la  pêche! Jean-Claude Mensch aime à citer Gandhi : « l’exemple n’est pas le meilleur moyen de convaincre, c’est le seul ». Et des preuves il en a : en 10 ans, la commune a économisé 120 000 euros en frais de fonctionnement et réduit de 600 tonnes par an ses émissions de CO2. Depuis 2006, elle n’utilise plus aucun pesticide.

Elle a déployé la plus grande centrale photovoltaïque d’Alsace avec ses 5,3 MgW. 10 000 habitants peuvent ainsi être alimentés.  Au-delà de ce petit village. L’éclairage public a été intégralement changé pour des Led. Conséquence : une baisse de 40% de la consommation d’énergie. Mais l’essentiel n’est pas là. Car dans « Qu’est-ce qu’on attend ? » c’est l’humain qui prime. L’écologie se résume simplement avec ces mots : mieux vivre ensemble.

 

Les portraits se succèdent, sur fond marron puis dans leur quotidien : il y a Christophe Moyses, paysan boulanger qui a abandonné l’agriculture conventionnelle pour cultiver avec sa femme Lili des variétés anciennes de blé.

Jean Baptiste Cuisinier, vétérinaire a changé de métier car il ne supportait plus de « vacciner des vaches ou de les bourrer d’anti bio ». Il dirige désormais la régie agricole. D’autres habitants encore se sont engagés dans une démarche collective autour d’une maison passive. Ceux qui élaborent la maison constate très vite que la paille a les mêmes particularités pour isoler le bâtiment que du polyuréthane. Ne serait-il pas temps de jeter les produits chimiques aux orties ?




Et que dire de ce hongre de trait comtois Richelieu, un cheval à tout faire visiblement ravi . Il emmène les enfants à l’école (4600 kms de voiture épargnés), aide aux travaux agricoles, à l’arrosage des pelouses ou encore la collecte des déchets…


Cela peut paraître idyllique mais Jean Claude Mensch avoue qu’au final c’est une cinquantaine de personnes qui le suit vraiment dans sa démarche. « Il y a des moments où j’ai des doutes ». Mais il continue d’avancer avec la conviction d’avoir raison. Et de reprendre cette devise :  ‘c’est en marchant que l’on ouvre le chemin, il faut donc continuer à marcher. »










Bref je suis encore sortie de la projection avec une patate d’enfer. Un film à voir d’urgence par tous les candidats aux primaires et les autres. Parce que s’il y en a bien certains encore à convertir, ce sont nos politiques. N’oubliez pas Messieurs que vous vous adressez à des humains. Il suffit peut-être de leur dire que cette commune n’augmente plus ses impôts locaux…Et  qu'une centaine d’emplois a été créée. A bon entendeur !

jeudi 17 novembre 2016

La lutte contre le gaspillage alimentaire : une stratégie gagnante pour la grande distribution


Si vous regardez encore la télé et que vous êtes un tantinet attentif, vous avez déjà vu ou vous allez revoir la campagne publicitaire de l'Ademe « Ça suffit le gaspi ». La deuxième phase est lancée.

Une jeune femme met le nez dans son frigo qui lui parle pour lui indiquer les courses à faire. Et éviter ainsi de jeter.

Comme le dit si bien Thomas Pocher directeur d'un Leclerc à Templeuve dans le Nord : « toujours aller faire ses courses en ayant préparé ses menus de la semaine et le ventre plein ! »

Si je vous parle grande distribution c’est parce que l'Ademe vient de dévoiler les résultats d'une opération « distributeurs engagés contre le gaspillage alimentaire».

L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie a travaillé avec 10 magasins de 5 enseignes, Auchan, Carrefour, Intermarché, Leclerc et  Système U pour voir au plus près ce qui pouvait être réalisé pour limiter le gaspillage. Evidemment vous allez peut-être me dire : « encore ces grands méchants de la distribution ! ». Comme le dit si bien la Bible, je pense qu’il serait assez judicieux que chacun aille voir la poutre dans son œil.

Les chiffres sont très parlants. Même si des grandes surfaces s’engagent , la distribution dans son ensemble, c’est-à-dire  enintégrant les marchés locaux, nationaux et toutes les tailles de commerces alimentaires, produit 14 % des pertes et gaspillage alimentaires. Leur taux de perte a été estimé dans cette étude à 3.3 % des volumes achetés. Mais attention les ménages par exemple ont un taux de perte évalué à 7.3 %.  Ce qui signifie que nous jettons beaucoup ! Pour ce qui est de la grande distribution le gaspillage constitue près de 1 400 000 tonnes de produits . C’est l’équivalent de 2.8 millions de repas de 500 g qui étaient consommables et ne l’ont pas été.





Au final les résultats de l’opération sont plus qu’encourageants: les 10 magasins engagés dans l'opération ont réduit leur gaspillage alimentaire en poids de près d’un quart en 3 mois. Cela correspond à 160 tonnes en moins si on le rapporte sur une année, soit l’équivalent de 320 000 repas sauvés. Et comme il faut toujours parler en euros, par magasin, en moyenne, c’est une économie de 70 000 euros par an.

Cette opération a permis à chaque magasin de dresser le bon diagnostic et de mettre en place des actions simples.

Il suffit de simple bon sens : c’est ainsi que Frédéric Vaccaro directeur d'Auchan Boulogne sur Mer met en avant parmi les 10 actions clés menées dans son magasin : la remise de la vente assistée en fruits et légumes. Certains clients peuvent abimer des fruits en les manipulant comme les pêches Avec un tel système, le consommateur est informé et choisit les bons gestes. 2 emplois ont été créés et 15 000 euros économisés en 2 mois.

Parmi les autres actions menées : la mise en valeur des produits proches de la date limite de consommation.

Ils sont souvent peu identifiables dans les rayonnages.

En les mettant dans des bacs dédiés, 90 à 95 % d’entre eux ont ainsi été vendus dans le Système U de Craon en Mayenne. C’est à cette occasion d’ailleurs que j’ai découvert le mot « stickage ». La vente de produits à l’unité est aussi une très bonne astuce. Il peut s’agir de steaks, de tartes coupées en 4 ou encore d’un croissant à l’unité.



Evidemment le don reste une grande priorité. Carrefour a ainsi donné en 2015 l’équivalent de 92 millions de repas à plus de 1000  associations de l’aide alimentaire et aux épiceries sociales : Restos du Cœur, le Secours Populaire, la Croix-Rouge ou les Banques Alimentaires. Il n’est pas le seul.
Il y a donc le consommateur en bout de chaîne mais la grande distribution doit savoir travailler avec les industriels.  J’ai bien compris que c’était loin d’être si simple. Certains à l’image de Thomas Pocher font bouger les lignes. C’est ainsi qu’est né le social business Bon et Bien. Cette entreprise sociale repose sur une cocréation entre McCain, Randstad, et l’E. Leclerc Templeuve. 3 variétés de soupes, pas comme les autres sont ainsi proposées. Elles sortent de l’arrière- boutique de l’hyper Templeuve Les fruits et légumes, donnés par les agriculteurs, ont été écartés des chaînes de triage. Leur forme ou leur état ne correspondaient pas aux standards requis pour la commercialisation dans le rayon. Il suffisait d’y penser.
L’Ademe compte bien avec ses exemples pousser toute la grande distribution à aller toujours plus loin. Elle propose un accompagnement et des fiches diagnostic. Si l’ensemble de la distribution obtenait ces mêmes résultats, elle réduirait son gaspillage alimentaire par an de 305 500 tonnes et 770 millions d’euros.