jeudi 17 novembre 2016

La lutte contre le gaspillage alimentaire : une stratégie gagnante pour la grande distribution


Si vous regardez encore la télé et que vous êtes un tantinet attentif, vous avez déjà vu ou vous allez revoir la campagne publicitaire de l'Ademe « Ça suffit le gaspi ». La deuxième phase est lancée.

Une jeune femme met le nez dans son frigo qui lui parle pour lui indiquer les courses à faire. Et éviter ainsi de jeter.

Comme le dit si bien Thomas Pocher directeur d'un Leclerc à Templeuve dans le Nord : « toujours aller faire ses courses en ayant préparé ses menus de la semaine et le ventre plein ! »

Si je vous parle grande distribution c’est parce que l'Ademe vient de dévoiler les résultats d'une opération « distributeurs engagés contre le gaspillage alimentaire».

L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie a travaillé avec 10 magasins de 5 enseignes, Auchan, Carrefour, Intermarché, Leclerc et  Système U pour voir au plus près ce qui pouvait être réalisé pour limiter le gaspillage. Evidemment vous allez peut-être me dire : « encore ces grands méchants de la distribution ! ». Comme le dit si bien la Bible, je pense qu’il serait assez judicieux que chacun aille voir la poutre dans son œil.

Les chiffres sont très parlants. Même si des grandes surfaces s’engagent , la distribution dans son ensemble, c’est-à-dire  enintégrant les marchés locaux, nationaux et toutes les tailles de commerces alimentaires, produit 14 % des pertes et gaspillage alimentaires. Leur taux de perte a été estimé dans cette étude à 3.3 % des volumes achetés. Mais attention les ménages par exemple ont un taux de perte évalué à 7.3 %.  Ce qui signifie que nous jettons beaucoup ! Pour ce qui est de la grande distribution le gaspillage constitue près de 1 400 000 tonnes de produits . C’est l’équivalent de 2.8 millions de repas de 500 g qui étaient consommables et ne l’ont pas été.





Au final les résultats de l’opération sont plus qu’encourageants: les 10 magasins engagés dans l'opération ont réduit leur gaspillage alimentaire en poids de près d’un quart en 3 mois. Cela correspond à 160 tonnes en moins si on le rapporte sur une année, soit l’équivalent de 320 000 repas sauvés. Et comme il faut toujours parler en euros, par magasin, en moyenne, c’est une économie de 70 000 euros par an.

Cette opération a permis à chaque magasin de dresser le bon diagnostic et de mettre en place des actions simples.

Il suffit de simple bon sens : c’est ainsi que Frédéric Vaccaro directeur d'Auchan Boulogne sur Mer met en avant parmi les 10 actions clés menées dans son magasin : la remise de la vente assistée en fruits et légumes. Certains clients peuvent abimer des fruits en les manipulant comme les pêches Avec un tel système, le consommateur est informé et choisit les bons gestes. 2 emplois ont été créés et 15 000 euros économisés en 2 mois.

Parmi les autres actions menées : la mise en valeur des produits proches de la date limite de consommation.

Ils sont souvent peu identifiables dans les rayonnages.

En les mettant dans des bacs dédiés, 90 à 95 % d’entre eux ont ainsi été vendus dans le Système U de Craon en Mayenne. C’est à cette occasion d’ailleurs que j’ai découvert le mot « stickage ». La vente de produits à l’unité est aussi une très bonne astuce. Il peut s’agir de steaks, de tartes coupées en 4 ou encore d’un croissant à l’unité.



Evidemment le don reste une grande priorité. Carrefour a ainsi donné en 2015 l’équivalent de 92 millions de repas à plus de 1000  associations de l’aide alimentaire et aux épiceries sociales : Restos du Cœur, le Secours Populaire, la Croix-Rouge ou les Banques Alimentaires. Il n’est pas le seul.
Il y a donc le consommateur en bout de chaîne mais la grande distribution doit savoir travailler avec les industriels.  J’ai bien compris que c’était loin d’être si simple. Certains à l’image de Thomas Pocher font bouger les lignes. C’est ainsi qu’est né le social business Bon et Bien. Cette entreprise sociale repose sur une cocréation entre McCain, Randstad, et l’E. Leclerc Templeuve. 3 variétés de soupes, pas comme les autres sont ainsi proposées. Elles sortent de l’arrière- boutique de l’hyper Templeuve Les fruits et légumes, donnés par les agriculteurs, ont été écartés des chaînes de triage. Leur forme ou leur état ne correspondaient pas aux standards requis pour la commercialisation dans le rayon. Il suffisait d’y penser.
L’Ademe compte bien avec ses exemples pousser toute la grande distribution à aller toujours plus loin. Elle propose un accompagnement et des fiches diagnostic. Si l’ensemble de la distribution obtenait ces mêmes résultats, elle réduirait son gaspillage alimentaire par an de 305 500 tonnes et 770 millions d’euros.




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