De retour de quelques jours de congés, j'ai fait le tour ce matin d'un kiosque à journaux. Les titres n'ont rien d'attrayant. Les photos de la tragédie de Nice s'étalent sous nos yeux. Une question en Une sur fond blanc:comment vivre avec la peur? A chaque jour son lot d'horreurs entre machette et coups de couteau. Au Moyen-Age, personne ne savait rien de ce qui se passait à plus de 3 kilomètres à la ronde et franchement on ne se portait pas plus mal. Vous me direz que je n'y étais pas mais je le suppose. A force de valoriser les drames, nous nous replions dans notre cocon et les extrémismes montent. Daesh est le symbole de la fin d'un système. Les limites sont atteintes. Notre modèle de société doit évoluer. J'ai envie de prendre du recul comme souvent quand nous revenons de vacances plus sereins, avec l'envie de mettre les pendules à l'heure. Je ne minimiserai pas les horreurs qu'ont vécu les familles des victimes des attentats. Comment continuer à vivre sans comprendre pourquoi ?
Mais pendant que nos esprits se focalisent-à juste titre-sur cet ennemi islamique, nous ne voyons plus qu'une bien plus grande tragédie se joue qui ne fera qu'accentuer les phénomènes dont je parlais. Il y a quelques jours dans les colonnes de Libération ,le climatologue Jean Jouzel, ancien vice-président du groupe scientifique du Groupement intergouvernemental d’experts sur le climat , le Giec, disait: «La rapidité du réchauffement actuel, en moyenne globale, n’a pas connu d’équivalent depuis au moins 8 000 ans […] et il est possible qu’elle n’ait pas d’équivalent à l’échelle géologique»,
Le mois de juin a été le plus chaud jamais enregistré sur la planète depuis le début des relevés de températures, en 1880. N'en déplaise à ceux qui ont vécu dans la grisaille ou sous les trombes d'eau parisiennes. Juin a été le quatorzième mois consécutif durant lequel un record mensuel de chaleur a été battu. C'est la plus longue période continue de montée des températures globales en 137 ans. Et si vous bronzez en me lisant-ce qui est fort peu probable,je l'avoue- sachez que le premier semestre de 2016 a été de loin le plus chaud relevé dans les annales. Une température moyenne 1,3°C plus élevée qu’à la fin du 19ème siècle, selon la Nasa. Votre pastis sera vite rafraîchi car la banquise fond de façon tout à fait inattendue.
Si le sort des ours polaires vous laisse de glace, peut-être que celui de votre portefeuille va vous faire réagir.
Après Jean-Jouzel, c'est le chercheur Tord Kjellstrom du Health and Environment International Trust de Nouvelle-Zélande qui s'inquiète en ce mois de juillet pour notre avenir économique. L'idée n'est pas neuve mais il est toujours bon de la rappeler. Il prévoit que la hausse des températures va engendrer une perte de productivité au niveau national. En Asie du Sud, 20% d'heures de travail annuelles auraient ainsi été perdues pour les emplois les plus exposés aux fortes chaleurs. Selon lui, le besoin de se reposer en période de forte chaleur "deviendra un problème majeur " en particulier pour les ouvriers et les agriculteurs qui travaillent le plus souvent en extérieur. .
Au total, il estime que 43 pays verront leur PIB diminuer Jusqu’à -6% de produit intérieur brut (PIB) en Thaïlande et en Indonésie, -3,2% en Inde, -0,8% en Chine. Ce n'est pas tout. L'auteur de cette étude chiffre aussi le nombre de décès liés aux catastrophes naturelles survenues depuis 36 ans. Entre 1980 et 2012, il a recensé 21.000 catastrophes - cyclones, inondations et glissements de terrain . Elles ont provoqué la mort de 2,1 millions de personnes. Notre pire ennemi.
La guerre est donc ouverte et il va bel et bien falloir s'unir. Autant le dire, la Cop 21 c'était bien joli et prometteur mais nous savons déjà que l'accord conclu ne suffit pas. Jean Jouzel nous le rappelle. Selon lui, limiter le réchauffement à long terme à 2°C par rapport au niveau préindustriel «requiert d’aller bien au-delà» des engagements de baisse des émissions de gaz à effet de serre pris en décembre . Il faudra «au minimum les doubler d’ici à 2030, puis poursuivre de façon à atteindre la neutralité carbone dans la seconde partie du siècle, avec la nécessité "d’émissions négatives" d’ici à 2100». Préserver notre humanité va exiger un vrai combat. Reste à espèrer que nous saurons lequel mener.
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mardi 26 juillet 2016
jeudi 7 juillet 2016
Le management par l'écoute: Orange dialogue
Le
dialogue entre parties prenantes est devenu l’une des pierres angulaires de la
RSE. Je perçois tout de suite chez les néophytes un grand flottement .Au moins
3 mots inconnus dans la première phrase de cet article. Nathalie Croisé est en
train de nous semer! Je vous rassure, L’avantage avec ces sujets c’est qu’ils
ramènent tous au bon sens. Donc si je veux vous résumer clairement ce dont je
parle, je vous dirai que si nous voulons avancer dans une entreprise-et
ailleurs-il vaut mieux écouter tout le monde afin d’apporter des réponses
appropriées. CQFD. Ce dialogue entre parties prenantes tient particulièrement à
cœur d’Orange qui organisait en ce début d’été une matinée de restitution de ses
échanges à travers 6 pays dans le monde sur les thèmes de la Diversité et de
l’Egalité professionnelle. Vaste champ de réflexion. Orange a bien changé en 6
ans. Jérôme Barré, le directeur exécutif Ressources Humaines du groupe l’a rappelé en introduction. Le
nouveau contrat social a répondu au fort malaise dans l’entreprise-et encore j’édulcore.
Et désormais les salariés disent qu’il est mieux de travailler chez Orange qu’ailleurs.
Il a fallu un électrochoc comme dans d’autres cas. L'actualité médiatique récente nous le rappelle. Mais désormais le groupe n’a
pas peur d’affirmer qu’il veut proposer une expérience digitale mais aussi
humaine.
Pour
ce dialogue parties prenantes, ce sont plus de 300 salariés qui ont été
consultés directement, tout autant par le biais des réseaux sociaux. 6 experts ont aussi
fourni leur éclairage. Avec 156 000 salariés dans le monde, la diversité
est une problématique forte. Sénégal, Russie, Roumanie, Inde, Jordanie et
bientôt Espagne et Egypte, le sujet a été mis au cœur d’ateliers de réflexion.
Au Sénégal, diversité rime essentiellement avec personnes en situation de
handicap. Sonatel, le « Orange Sénégalais’ a décidé de s’engager à travers
la signature d’un accord avec Apave qui accompagne les personnes à
mobilité réduite. Il souhaite aussi conclure un protocole avec Handicap International. En France, accepter l’autre dans sa différence nécessite de
dépoussiérer les esprits. Ce fut le cas avec l’arrivée d’un stagiaire autiste
dans les locaux. Conclusion: des entités non concernées au départ se sont dit
que ce serait un atout pour le groupe de travailler avec d’autres stagiaires au
même profil. La diversité, c’est aussi faire travailler les jeunes avec les
moins jeunes ensemble. Lenjeu économique est de taille car comme le rappelle
Jérome Barré, la moyenne d’âge chez Orange est assez élevée. Tout va changer en
moins de 10 ans. Plus de la moitié des salariés aura alors moins de 35 ans.
Nous nous amusons d’entendre un étudiant en informatique indien estimait qu’une
entreprise devrait avoir 20 à 30 % de seniors et donc une majorité de plus
jeunes car il faut aussi de l’énergie. Orange réfléchit à de nouvelles méthodes
de travail et regarde de près ce que font d’autres grands groupes. Ramon
Fernandez directeur général délégué en charge des finances et de la stratégie cite ainsi Accor et son « shadow
comex ». Avant un conseil d’administration du géant hotelier, des trentenaires se réunissent
pour plancher sur l’ordre du jour et apporter leur éclairage aux quinquas qui
prendront des décisions le lendemain. Une initiative du même ordre pourrait
bien voir le jour chez l’opérateur. En tous cas les réflexions sont engagées.
Toutes les parties prenantes externes attendent une forte exemplarité d’Orange
en la matière. Il ne faut pas négliger non plus la réglementation qui pousse
l’entreprise à changer. Laurent Vitoux directeur régional Nord Pas de Calais
rappelle que le volet 'insertion ' représente 20% de la note dans un appel
d’offres. La diversité doit aussi améliorer la compétitivité d’une entreprise.
Autre
sujet majeur : l’égalité hommes-femmes. Là encore le groupe progresse mais
pourrait faire mieux comme l’admet Jérôme Barré. Les catégories hiérarchiques
sont clairement déséquilibrées. Roxane Adle en charge du dossier admet qu’il
reste du chemin à faire notamment dans les métiers techniques. Et que dire des
différences culturelles ? Quand on est présent dans 28 pays, le démarche
ne peut pas être la même partout. Roxane Adle cite ainsi la Jordanie où les
hommes et les femmes ont leur rôle précis. Le déplacement professionnel des
femmes peut s’avérer un casse-tête : 2 femmes peuvent monter dans une
voiture mais pas accompagnées d’un homme . Je préfère ne pas en dire plus, je
risquerai de me fâcher. Cet exemple malheureux nous éclaire sur la dimension
que doit prendre la démarche d’Orange : elle doit être à la fois globale
et locale. « Glocale » pour reprendre les termes de Christine Rabret
directrice Egalité des chances du groupe. Enfin des sujets plus sensibles ont
été abordés, ils sont qualifiés ici de « signaux faibles » : on
y trouve tout de même la religion, l’orientation sexuelle, la maternité et ses
conséquences ou encore les diplômes. Orange semble encore très prudent sur ces
thématiques. Dans cette matinée et en plein Ramadan j’ai simplement entendu
parler du malaise ressenti après les attentats de Charlie Hebdo. Magali Moulin
directrice des Ressources Humaines de la direction Orange Centre Est a évoqué une salarié transgenre. En rappelant
que finalement tous ces sujets touchaient à la partie la plus intime de chacun
d’entre nous et qu’ils étaient donc très sensibles. Elle affirme qu’il s’agit de « vivre
ensemble sur des bases purement professionnelles de compétence.»
Je
sens bien que la parole est moins facile, c’est compréhensible. Il faut saluer
la démarche d’Orange car le groupe ose évoquer des sujets parfois tabous. Il ne
se fait peut-être pas que des amis. Les plus critiques parleront encore de « cosmétique »
Les membres du Comex présents ont –c’est une certitude-témoigné en toute
transparence. Le mot de ‘bienveillance’ a été évoqué à plusieurs reprises au
cours de la matinée. Je dirai que c’est un signal fort. Tout le monde souhaite
que ce dialogue se poursuive et devienne même régulier. J’ai envie de retenir
en conclusion cette phrase de l’une des expertes externes invitées à commenter
la démarche . Il s’agit de Valérie Petit professeur à l'EDHEC Business School.
'"e manager de demain ,c’est celui qui prend en considération l’autre" Si tout
le monde pouvait faire de même…
vendredi 1 juillet 2016
Du nouveau dans les assiettes
‘Nous
sommes ce que nous mangeons’. Ce n’est pas moi qui le dis mais Charles
Kloboukoff, le président-fondateur de Léa Nature. Son entreprise est de plus en
plus florissante. Je vais vous en parler d’ailleurs. Car nous souhaitons manger autrement ou du moins savoir ce que nous mangeons. Les
sujets commencent à fleurir et en ce début d’été, les conférences de presse se
multiplient. Ce n’est sûrement pas un hasard. Il y a l’engagement des
entreprises, des associations mais aussi des fondations. Je souhaiterais vous
parler d’une d’entre elles en particulier : la Fondation Daniel et Nina Carasso. Une fondation philanthropique familiale sous l’égide de la Fondation
de France. Ses missions sont nombreuses : permettre d’expérimenter des
solutions pour une agriculture durable, financer la recherche et des projets
innovants ou encore jouer un rôle d’influenceur en diffusant des outils et des
bonnes pratiques. La tâche est rude. Il suffit de rappeler quelques chiffres.
300 millions d’hectares de terre sont trop dégradés dans le monde pour être
cultivés. L’eau devient de plus en plus rare et précieuse : d’ici 2030 le
déficit hydrique global devrait atteindre 40%. On compte 800 millions de
malnutris chroniques dans le monde. Dans le même temps, l’obésité est une pandémie
qui affecte 1 milliard d’individus.
Ce sont
tout de même 50% des emplois qui sont pourvus par les systèmes alimentaires.
En 5 ans d’existence,
la fondation Daniel et Nina Carasso a déjà consacré 5,4 millions d’euros à
soutenir 55 projets. Dans le monde mais aussi chez nous. La France doit avancer
sur le sujet. Le magazine Cash Investigation consacré aux pesticides a ouvert les consciences.
Pour faire bouger les lignes, la Fondation a décidé de soutenir 8 projets dans
l’Hexagone destiné à promouvoir des systèmes alimentaires innovants ainsi que
l’économie circulaire. On peut citer la ville de Mouans-Sartoux dans les
Alpes-Maritimes très engagée dans le développement durable. Elle a ainsi été la
première à mettre en place une cantine 100% bio. La Fondation a choisi de
soutenir le projet de développement d’une maison de l’agriculture durable qui
permettra d’installer d’autres agriculteurs dans la région et de poursuivre la
pédagogie. Autre exemple, parisien cette fois-ci , l’Association Zone-AH! Elle
valorise les drèches de micro brasserie pour en faire du compost mais aussi de
l’alimentation animale. Parmi les objectifs : créer une coopérative
pérenne.
La dynamique est bel et
bien en marche. Alors que j’assiste à la conférence de la Fondation, je reçois
un communiqué enthousiasmant. L’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse ouvre un appel à projets de 500 000
euros qui permettra de financer des projets d’animation pour accompagner des
groupes d’agriculteurs vers l’agro-écologie. Une mesure prise dans le cadre du
plan Ecophyto II qui vise à réduire de moitié l’utilisation des pesticides
d’ici 10 ans. L’agence de l’eau financera pendant un an jusqu’à 50% des frais de personnels chargés de conseiller
et de former des groupes d’agriculteurs qui souhaitent réduire significativement l’utilisation de
pesticides et s’engager dans l’agro-écologie. Certains esprits plus critiques
souligneront à juste titre qu’il est plus facile de soutenir des convaincus que
de faire bouger les plus récalcitrants. Les exemples cités en sont une preuve
et pourtant je suis de plus en plus persuadée que nous allons regarder au plus
près ce qu’il y a dans notre assiette dans les années à venir. Nous mangeons
déjà moins de viande et les vidéos dans les abattoirs vont éclairer un peu plus
nos choix.
Quand je vois le succès de Léa Nature dont je parlais en début d’article,
je suis convaincue. Cette entreprise pionnière avec des marques
comme Jardin Bio et Floressance ne cesse de creuser un sillon depuis 20 ans. Ce
sont plus de 400 produits labellisés AB
et sans huile de palme. 80% de son catalogue est fabriqué en France. JardinBio représente la première croissance du marché avec une hausse de 27,5% en
volume. Je suis particulièrement sensible à Karéléa marque dédiée au contrôle
des sucres dans l'alimentation. Nous consommons tout de même 4 fois plus de
sucre que nécessaire. Dans les produits de la marque, vous ne trouvez aucun
édulcorant de synthèse ni édulcorant intense. Ce sont exclusivement des arômes
et des colorants naturels. Le secret de fabrique : le maltitol, un substitut
du sucre d'origine végétal. Son impact est réduit sur la glycémie et les calories
et en prime pas de carie. Quand vous le goûtez, vous ne sentez aucune
différence. Cerise sur le gâteau (non sucré) Karéléa est vendu en grande
surface. C’est bien la preuve que chacun peut décider de consommer autrement.
Si cet article vous a donné faim d’en savoir plus, sachez que la Fondation Daniel
et Nina Carasso organise les Premières Rencontres de l’agriculture durable. Ce
sera le 8 novembre prochain à l’Institut Pasteur.
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