lundi 23 janvier 2017

Mutum : et si prêter des objets ou rendre un service gratuitement devenait la règle



Il y a des rencontres qui redonnent foi en l’humanité. J’en ai fait quelques-unes depuis le début de l’année. Elles aident bien à contrebalancer les idées sombres engendrées par l’arrivée au pouvoir de Trump et la révisionnisme clairement affiché sur la question climatique. Mais revenons un peu à cette belle rencontre. Celle que j’ai faite la semaine dernière par un froid glacial avec Mathieu Jeanne-Beylot, directeur général et co-fondateur avec Frédéric Griffaton en 2014 de Mutum. Ce nom me renvoie d’emblée à mes études supérieures de latin. Mutum pour « entente mutuelle. » Mais je ne suis point là pour étaler ma culture. Derrière ce nom, un principe aussi vieux que notre humanité : se prêter des objets entre voisins. Mais désormais au lieu de toquer à la porte, vous allumez votre ordinateur et le résultat est bien plus efficace. Mathieu Jeanne-Beylot revendique 60 000 utilisateurs et déjà 70 000 objets prêtés. La location entre particuliers, rien de bien original, me direz-vous. Il faut bien reconnaître que d’autres se sont déjà frayés un chemin sur ce créneau depuis quelques années.  Mais pour Mathieu Jeanne-Beylot, la grande force de Mutum est de ne proposer aucune transaction financière. « Quand vous louez à un professionnel une paire de skis, vous pouvez finir par ne pas vous en sentir responsables. "J’ai payé donc finalement j’en fais ce que je veux". Quand vous empruntez avec Mutum, vous connaissez le propriétaire de l’objet et vous souhaitez lui rendre dans le même état voire dans un meilleur état. » Sur le site, vous cumulez donc des points, des « Mutum » (Muti si je me souviens bien des déclinaisons : ) que vous pouvez dépenser à votre guise. Plus vous êtes actifs, plus vous pouvez faire profiter les autres mais aussi en profiter.






Pas de publicité, pas de revente de données, autant dire que la démarche ne rapporte rien à ceux qui ont créé Mutum. Ils ont donc décidé de se diversifier et d’aller voir les entreprises et les universités. Pour à leur manière changer notre modèle. Premier objectif : recréer du lien social entre salariés. L’un d’entre eux en tant que particulier va s’inscrire sur Mutum et finalement mieux découvrir ses collègues. Et pourquoi pas jouer au tennis avec eux, prêter un objet voire développer un projet commun pour l’entreprise ? Chaque année, les universités ont un budget de 6 millions d’euros pour la formation. Pourquoi ne pas envisager de la même manière des échanges de compétence ? L’université pourra à terme faire des économies. Cergy, Bordeaux et Nice sont déjà tentées par l’aventure. Le modèle commence à faire ses preuves. Incubé par Climate-KIC et le Comptoir de l’innovation, Mutum a déjà levé un million d’euros avec la MAIF. Il franchit une étape avec une nouvelle levée de fonds. Elle sera lancée cette semaine, le 26 janvier précisément. Ce ne sera pas une levée de fonds classique. Mutum souhaite que la plateforme appartienne à ses utilisateurs. La jeune entreprise fait donc appel à 1001pact pour une campagne de crowdequity. Il s’agit purement et simplement d’une prise de participation au capital de l’entreprise que vous financez. Mutum compte battre des records. La plus importante levée de fonds de ce type a rapporté 900 000 euros, Mutum vise les 2 millions. Parce que ses fondateurs aspirent à une mutation de notre société. « Il est hors de question de vendre mes parts pour faire de l’argent si je quitte Mutum ». Mathieu Jeanne-Beylot est catégorique. « L’argent doit être un outil. Désormais l’argent sert à faire de l’argent et cela ne fonctionne plus. ».







Le but ultime : rendre les objets accessibles à tous et améliorer le niveau de vie de chacun au quotidien. Si vous proposez des baby-sittings, si vous prêtez quelques petits objets, vous pourriez en retour obtenir une location de planche à voile ou de skis (on y revient) pour vos vacances. Et vous pourriez envisager à terme de prêter votre voiture ou même votre maison gratuitement. Je vous vois sourire. Figurez-vous qu’une maison est déjà présente sur Mutum et certains utilisateurs se disent prêts à proposer leurs véhicules. Mutum doit juste avancer sur la problématique de l’assurance. Cette économie du partage n’est pas seulement bénéfique pour les humains que nous sommes, elle a un impact positif sur l’environnement. Prenons une perceuse. Savez-vous, si vous en avez une, que vous ne vous en servirez que 8 minutes dans toute votre vie ? Même si celle-ci est longue. Quel beau gâchis ! On comprend mieux que la proposer gratuitement à son entourage est très intéressant. Mathieu s’est livré à un petit calcul en prenant en compte la fabrication, le transport, l’usage de cet objet qui n’est vraiment pas notre quotidien.


Le résultat est sans appel : pour une ville de 10 millions d’habitants, si nous ne disposions plus que 5 perceuses pour 10 personnes contre 8 actuellement, nous économiserions l’équivalent d’une centrale à charbon de 500 MWh.Mutum compte bien sur la mobilisation des citoyens pour faire bouger les lignes. Peu d’argent suffit. L’AMF a donné son accord pour un ticket d’entrée à 30 euros. La campagne de crowdequity va durer 2 mois. Mathieu Jeanne-Beylot espère construire ainsi un modèle vertueux autour de 3 principes : confiance, solidarité et entraide. Je vous promets que je ne vous parle pas d’un monde de bisounours. Et bientôt, il faut l'espérer, la jeune génération ne regardera peut-être plus de la même manière sa trottinette ou sa petite voiture :)

1 commentaire:

  1. j'utilise ce site!

    mon code parrain : https://www.mutum.com/signup?gfcode=JarEIvmH

    on est de + en + j'ai l'impression c'est cool !

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