jeudi 2 février 2017

Le Paris d’Haussmann, un modèle à suivre pour l’avenir de la ville 




Rien de meilleur que de tirer les enseignements du passé. C’est en substance la leçon que l’on peut tirer de l’exposition Paris Haussmann qui a ouvert ses portes hier, le 1er février au Pavillon de l’Arsenal. Elle est gratuite. Disons-le tout de même, elle est un peu ardue. Il faut prendre le temps de bien comprendre le travail réalisé par les 2 commissaires Umberto Napolitano de l'agence LAN, architecte, qui est impliqué actuellement dans le projet de rénovation du Grand Palais et Franck Boutté architecte, ingénieur, fondateur d’une agence climatique environnementale, investi dans le projet Réinventons Paris. Ils ont été accompagnés dans leur étude sur le Paris Haussmannien par Schneider Electric spécialiste mondial de la gestion de l’énergie et des automatismes et mécène de l’exposition. Ce n’est pas un hasard . Mieux comprendre le Paris d’une 19ème siècle c’est être en mesure de mieux bâtir la ville de demain. « En tant qu’acteur clé dans la construction de villes intelligentes, soutenir un projet comme Paris Haussmann qui révèle le potentiel du modèle urbain parisien au regard des enjeux et des défis de la ville de demain nous a semblé tout à fait cohérent avec notre positionnement. Réinventer les villes fait partie intégrante de nos engagements. » explique Laurent Roussel, Partner Retail et Distribution chez Schneider Electric. « Tous les jours, on nous demande de repenser la ville où durabilité et écologie doivent être présentes et pourtant ces notions restent abstraites » ajoute Umberto Napolitano. Son travail de recherche aux côtés de Franck Boutté permet d’éclairer ces notions. C’est pourquoi, je le répéte, il faut prendre le temps de bien suivre l’exposition car les conclusions sont édifiantes. Elle mérite le détour, il faut dire que c'est une belle matière à analyser: en 60 ans, 60% du tissu parisien a été élaboré.



Les 2 hommes ont ainsi eu accès à des fichiers 3D. Mais pas seulement. La modélisation était très documentée. On apprend ainsi que la place de l’Opéra est de la même taille que l’Opéra lui-même. Il en est de même pour la place du Châtelet et son théâtre. Une harmonie parfaite. Edifiant mais cela va bien plus loin. Paris est la ville la plus dense d’Europe, 20 000 habitants au km2, 40 000 dans le 11ème arrondissement le plus dense. Et pourtant la sensation d’étouffement n’existe pas. Car Haussmann avait tout prévu.

La surface bâtie occupe 66 % de l’ensemble de Paris mais sur les 34% d’espaces vides, les architectes soulignent la « marchabilité » et l’accessibilité de l’ensemble. Le vide est rendu efficace. Sans parler de la quantité de services : on en dénombre 175 au km2 car l’immeuble « de rapport » haussmannien offre la possibilité d’ouvrir des commerces au rez-de-chaussée. L’architecture favorise aussi une sensation de ‘bien vivre en ville ». Les immeubles sont fins. Le rapport à l’extérieur est plus développé qu’ailleurs :  le soleil peut entrer, l’air extérieur aussi sans parler du caractère traversant des immeubles. Par comparaison, dans des bâtiments plus récents et plus compacts, l’impression de densité est beaucoup plus grande. Et que dire en termes d’efficacité énergétique ? La finesse des murs ne semble pas jouer en faveur de ces immeubles et pourtant Franck Boutté estime que l’ensemble ne consomme pas tant que cela. Finalement les températures sont parfois inférieures de 5 degrés à d’autres immeubles.





Autre grand enseignement de cette étude en 3D : la grande adaptabilité des immeubles. Ils ont été d’emblée conçus pour plusieurs usages. C’est ainsi qu’au fil du temps ils sont devenus des bureaux, des écoles, des logements sociaux. Quand on aboutit à la conclusion l’évidence apparait : les immeubles haussmanniens répondent parfaitement à ce que l’on attend d’un bâtiment aujourd’hui : connectivité, densité, attractivité, mixité, sobriété et résilience. Vous pouvez même vous livrer à la fin de l'exposition à un exercice qui vous permettra d’y voir très clair.
De là à imaginer que l’on va refaire des bâtiments haussmanniens il n’y a qu’un pas et pourtant ce n’est pas le cas. Ce qui a été réalisé durant 60 ans se révèle une fantastique base de données pour l’avenir. Un modèle à suivre. Il ne s’agit pas de reproduire mais de s’inspirer. Cette exposition est une leçon d’histoire.



Et un grand merci pour les photographies à Cyrille Weiner, (PARIS HAUSSMANN. Variations de l’identité © Photographies Cyrille Weiner, octobre 2016)


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