lundi 20 mars 2017

Les cartons de Météo-France


Il y a des moments forts sympathiques dans une vie de journaliste. En une soirée, on peut faire une nouvelle visite des Archives nationales et apprendre que Météo-France dispose de plus de 6000 cartons renfermant l’histoire de notre climat. Sylvie Jourdain, ingénieur à la direction de la climatologie et des services climatiques nous a fait un bilan d’étape du projet Climate Initiative monté grâce à la fondation BNP Paribas.

Objectif : récupérer, classer, faire des inventaires et numériser le précieux fonds historique de la météorologie nationale. Un fonds qui était jusqu’à présent peu exploité et pourtant crucial pour mieux comprendre le changement climatique. 6300 cartons s’étalent sur 2 kilomètres linéaire à Pierrefitte-sur-Seine dans des lieux poussiéreux qui ont dû subir un désamiantage. C’est en 2011 que le projet a vu le jour. Il a fallu des années pour nettoyer puis scanner, photographier ou faire des saisies directes de documents. Ils sont précieux, ce sont des dossiers accumulés de 1971 à 1992.

A l’heure actuelle, 650 000 pages ont déjà été numérisées et 3 millions de données de mesure instrumentale récupérées.



Elles seront bien utiles aux ingénieurs de Météo-France qui ont besoin de longues séries de données homogènes et continues. Dans ce contexte, la colonisation a du bon, si je puis me permettre. (je sens que je vais me faire incendier) Nous manquons en effet beaucoup de données sur l’Hémisphère Sud. Nous allons ainsi pouvoir y voir plus clair grâce aux DOM-TOM. Ce fonds est un trésor surprenant : des observations réalisées par des médecins avant 1800 et des relevés systématiques effectués à partir du 1855 par le service météorologique mis en place par Napoléon III. Mais aussi des livres de bord de marins ou des carnets des armées. C’est ainsi que j’ai découvert que 1850 est une année charnière pour les relevés météo. En Europe,les premières mesures ont été effectuées dès le 17ème siècle.




En France le réseau des hôpitaux coloniaux de la Marine naît en 1830.

Les observations météo sont faites par les pharmaciens et les médecins. A la fin du 18ème siècle, c’est le réseau de la Société royale de médecine qui s’en charge mais ces premières données n’étaient pas fiables. A partir de 1850 tout s’organise , il faudra encore attendre un siècle.


Les jeux de données sont plus diversifiés à partir de 1950.C’est donc un patrimoine très riche que nous possédons. Et qui nous également permet d'anticiper l’avenir. C’est tout l’objet d’un autre projet Preclide, Prévisibilité Climatique décennale soutenu aussi par la fondation BNP Paribas. Il est mené par le Cerfacs, centre européen de recherche et de formation avancée en calcul scientifique. Les simulations classiques du climat futur permettent de livrer une estimation globale du réchauffement à l’horizon 2100 mais il y a un hic : elles ne peuvent prévoir le détail des modulations de ce réchauffement sur les deux à trois prochaines décennies. Elles pourraient ralentir ou accélérer. Un constat : en analysant le climat des siècles passés, les scientifiques ont découvert que ces modulations persistaient sur des périodes de 10 à 20 ans. C’est en regardant en arrière que l’on voit plus clair.

Premier résultat : ces modulations paraissent prévisibles en Atlantique Nord et sur une dizaine d’années. Ce n’est pas le cas du tout dans le Pacifique. Les recherches se poursuivent pour aboutir à des prévisions précises sur les dix prochaines années. Une seule certitude : l’impact de l’homme est réel. Plus de la moitié de la hausse des températures est lié à l’influence anthropique à partir de la deuxième moitié du 20ème siècle. 2016 a été l’année la plus chaude. Impossible de dire que nous ne savions pas.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire