mardi 13 juin 2017

Seriez-vous un bon sérendipitiste ?




Une fois n’est pas coutume je vais m’éloigner un tantinet de mes sentiers battus. Pour finalement mieux y revenir. Vous allez comprendre pourquoi. J’ai envie de vous parler Sérendipité. D’abord parce que ce mot est beau et mystérieux. La première fois que je l'ai entendu, je me suis demandé ce que cela signifiait. Je me suis un peu inquiétée puis rassurée car ce mot était absent des dictionnaires français avant 2012. Je n’ai pas loupé quelque chose au moment de mes études de lettres. Il vient de l’anglais Serendipity. Et un livre lui est consacré : "C’est quoi la sérendipité ?" de Danièle Bourcier et Pel van Andel édité au Courrier du Livre. Les deux auteurs recensent 80 découvertes dues au hasard. Car c’est bel et bien le don de faire des trouvailles, une faculté de découvrir d'inventer ou de créer ce qui n’était pas recherché à l'origine. Totalement fascinant. Et finalement de la surprise nait une invention qui va bouleverser le cours de l’histoire. Dans ce livre, il y a en a pour les gourmands avec la tarte tatin, les hypocondriaques avec l’aspirine et la pénicilline ou encore les maniaques organisés avec le post-it.



Il y en a aussi pour les convaincus de la transition écologique. Je vous donnerai 4 exemples. La bouillie bordelaise dans un premier temps. S’il n’y avait pas eu de maraudeurs, nous n’en serions pas arrivés là.

Pour les décourager, les vignerons avaient pris l’habitude de répandre sur les feuilles des pieds de vigne les plus exposés un mélange de sulfate de cuivre et d’eau additionné de chaux qui rendait les grappes difficiles à consommer.

Ils se sont ainsi aperçus que les ceps se montraient ainsi plus résistants.
Il a fallu que Pierre Marie Alexis Millardet mette son grain de sel. Ce botaniste découvre le principe et en fait un fongicide.

Autre exemple , la fission nucléaire. Les écolos convaincus vont avoir le poil hérissé mais figurez-vous que là encore c’est une histoire de hasard. Malheureux, diront certains.



En Allemagne, Otto Hahn et Fritz Strassmann s’amusent en 1938 à bombarder l’uranium de neutrons. A chacun son activité. Mais le résultat n est pas cohérent: des atomes de baryum apparaissent au cours de l’expérience. Il faut se rendre à l’évidence : l’atome peut se couper en 2. Ce qui ouvre le champ de l’énergie atomique

La mobilité a aussi sa sérendipité avec la découverte de l’omnibus.
En 1826 à Nantes, Stanislas Baudry construit une minoterie à vapeur mais il y a un petit souci : trop de vapeurs s’échappent inutilement.
Il décide d’utiliser cette eau chaude pour créer des bains douches( De nos jours on chaufferait la piscine avec le data center voisin).
Mais personne ne vient, Stanislas Baudry se dit que le bâtiment est certainement trop excentré.
Il décide donc de mettre en place une navette avec une voiture à cheval depuis Nantes. Résultat : les voitures sont pleines mais pas les bains douches. Les gens de la région veulent avant tout pouvoir se déplacer.
Baudry ferme ses bains et sa minoterie et crée le premier réseau d'’omnibus de Nantes.


Enfin nous parlons de plus en plus de biomimétisme. La nature ne cesse de nous inspirer. C’est le cas avec le Velcro.

Ainsi Georges de Mestral faisait dans les années 40 des promenades dans les Alpes avec son chien.
Des petites boules très agrippantes se collaient sur le poil de l'animal,il s’agissait des fleurs de gratteron. Au microscope, il voit que les éléments sont munis de petits crochets.

Il se fixe un objectif : faire adhérer 2 surfaces qui portaient des dispositifs d'accrochage compatibles. Il lui faudra tout de même 10 ans pour y parvenir.
Avec l’aide d'un fabricant de textile de Lyon il met au point un procédé qui révolutionne le secteur : il met en contact 2 pièces de nylon traitées différemment, l’une à l infrarouge pour obtenir des crochets et l’autre plus douce et veloutée pour avoir des boucles.

Il appela son invention Velcro pour velours et crochets. Le brevet a été déposé en 1952.

Point commun de toutes ces histoires : le hasard et une bonne dose d’opiniâtreté.


J’avoue que l’idée me fascine. Pourriez-vous être un bon « sérendipitiste » ?
Il faut d’abord ne pas aimer suivre les règles définies et les idées dominantes ( je suis assez en phase). Il faut préfèrer se laisser détourner pour une rencontre ou une idée. Et donc faire confiance. Nous en avons besoin. Dans notre monde actuel, le design, le marketing ou encore le management utilisent de plus en plus de cas de sérendipité pour stimuler ou anticiper l’innovation dans les laboratoires de R&D. Cette lecture est idéale durant le week-end : laissez-vous porter par le hasard.

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