lundi 16 octobre 2017

Respire, prouve que tu existes!




Nous sommes en train d’assister à un changement sans précédent. Les langues se délient, les esprits se libèrent et les vilains commencent à pâlir. Je pourrai parler de harcèlement sexuel et de violences faites aux femmes car le sujet ne cesse de prendre de l’ampleur. Médiatique. C’est un passage obligé mais pas seulement. Les réseaux sociaux s’en emparent. C'était nécessaire mais je voudrai aborder un autre sujet qui me tient à cœur et qui commence à sérieusement préoccuper les Français : celui de la santé et de l’environnement. Dans ma vie antérieure sur une chaîne dont je tairai le nom, j’affirmais déjà que les sujets environnementaux gagneraient le grand public quand les enjeux sanitaires seraient pris en compte. Un récent sondage mené par l'Institut Harris interactive pour la Mutualité Française me donne raison. 92 % des Français estiment qu’environnement et santé sont étroitement liés, et beaucoup s’alarment des conséquences délétères de leur environnement. 

Ainsi, 90 % d’entre eux se déclarent soucieux du risque sanitaire que les pesticides engendrent. Vient ensuite la qualité des aliments (89 % d’inquiets), suivie de la pollution des sols (85 %), la qualité de l'eau du robinet (77 %), les produits ménagers (73 %), le bruit (69 %) et les ondes électromagnétiques (64 %). Dans ce contexte, les Français veulent être protégés. Plus de neuf sondés sur dix (93 %) souhaitent « réduire très fortement l'utilisation des pesticides dans les activités agricoles ». Une proportion similaire se montre favorable à « un étiquetage d'alerte concernant les effets polluants des produits ménagers et d'autres produits (peintures, aérosols…) sur l'air intérieur ». Enfin, les trois quarts d’entre eux voudraient voir la part des produits bio dans les cantines scolaires augmenter.

Et pourtant le premier volet des Etats Généraux de l’alimentation s’achève sur une déception. "Des décisions récentes sont incohérentes avec les objectifs des Etats généraux, explique Bernard Pineau, directeur général du CCFD-Terre Solidaire. Il cite « la non opposition à l'entrée en vigueur du CETA, l'abandon des aides au maintien dans l'agriculture biologique. Cela sape la confiance". Dans un entretien au JDD ce week-end Nicolas Hulot le ministre de la Transition écologique affirme qu'il envisage d'interdire le glyphosate avant la fin du mandat d'Emmanuel Macron. Sans donner d’échéance précise. La tâche est rude face à des esprits chagrins. Et Nicolas Hulot de préciser dans une autre interview : "La complexité, c’est que je dois en permanence combiner le long terme et le court terme. [...] Je travaille dix-huit heures par jour et je n’ai guère de temps pour communiquer. [...] Sans mauvais jeu de mots, j’ai la tête sous l’eau".


J’ai beau être optimiste de nature, force est de constater que les études qui se succèdent n’annoncent rien de bon. Il y a quelques jours il s’agissait de révélation autour des jeunes garçons et des perturbateurs endocriniens. Je ne peux m'empècher de penser aux miens. Une étude de l’INSERM menée entre 2003 et 2006 (j’ai d’ailleurs été enceinte à cette période) révèle que l'exposition maternelle à certains phénols et phtalates est associée à des troubles du comportement des petits garçons. L'exposition au bisphénol A est associée à une augmentation des troubles relationnels à 3 ans et des comportements de type hyperactif à 5 ans. Les chercheurs notent que ce travail confirme ainsi que les effets du bisphénol A sur le comportement observé chez l'animal de laboratoire se retrouvent chez l'humain à des expositions faibles, probablement inférieures à celles préconisées par l'autorité européenne de sécurité alimentaire, l'EFSA. J'en suis bouche bée.

Et que dire des couches culottes ? J’avais suivi l’affaire quand elle avait été dévoilée mais j’en ai reparlé à l’occasion d’un débat que je vais animer demain, 17 octobre à l’Imago au pied de Greenflex.


En 2016 une enquête du magazine 60 millions deconsommateurs a un effet coup de poing : sur les 12 marques de couches culottes étudiées, seules deux ne contiennent pas de résidus potentiellement toxiques. Selon les auteurs de l'enquête, les langes qui protègent les fesses des nourrissons contiennent des résidus de pesticides, comme le glyphosate, des dioxines, des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et des traces de composés organiques volatils. Parmi les marques qui tirent leur épingle du jeu celle de Leclerc «Mots d'enfants» et Love & Green. Céline Augusto cofondatrice de Love andGreen m’a clairement expliqué qu’on reste dans le flou total sur le sujet. Faute de réglementation. Elle espère bien que les lignes vont bouger. Bercy a indiqué « faire preuve de vigilance ».Là encore je suis bouche bée. 

Les Français eux commencent à s’impatienter et s’estiment mal informés sur les risques liés à leur environnement. Toujours selon l’étude d’Harris Interactive , pour plus d’un tiers des sondés l’information est trop lacunaire, en particulier sur la question de la pollution intérieure, les ondes électromagnétiques et les produits d'entretien. De nombreux sondés estiment nécessaire la mise en place d’ateliers de formation aux comportements écocitoyens. Les journalistes doivent aussi parfaire leur culture sur le sujet. N’oublions pas que la pollution tue 500 000 personnes par an en Europe. Elle ne fait pas toujours la Une.


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